La Libye de Mouaâmar Kadhafi redevient fréquentable pour l'Occident. Et ce n'est point un hasard si le Premier Ministre britannique partant, Tony Blair, entame sa visite d'adieu africaine à partir de Tripoli. Une visite couronnée par plusieurs accords judiciaires et économiques. Londres a rétabli des liens actifs avec la Libye, après qu'en 1999 Kadhafi eut accepté de remettre aux autorités britanniques deux suspects de l'attentat contre un vol de la Pan Am, qui avait fait 270 morts, au-dessus de la ville écossaise de Lockerbie, en 1988. Depuis l'annonce, en 2004, par le leader libyen que Tripoli ne chercherait pas à se doter d'armes de destruction massive, la Libye est considérée à Londres comme un partenaire clé pour la sécurité mondiale. A l'occasion de la visite de M. Blair, un accord a été conclu pour l'achat d'armes et de missiles antiaériens et l'entraînement des Libyens, et un autre pour la fabrication d'armement en Libye. Aucune précision sur le montant des contrats d'armes n'a été donnée. Par ailleurs, un accord de principe a été signé pour l'extradition entre les deux pays, et un prochain accord d'application sera signé dans ce domaine d'ici à un an, selon les agences de presse. Dans le volet économique, la Libye a signé, mardi, un accord de 900 millions de dollars avec la compagnie pétrolière britannique BP, pour des opérations d'exploration de gaz en territoire libyen. Un contrat qui signe le retour de British Petroleum après 33 ans d'absence. BP suit, ainsi, le retour en Libye de Exxon Mobil, Total et Shell. Kadhafi avait nationalisé tous les investissements étrangers en 1974. Désormais, une quarantaine de pétroliers travaillent avec Tripoli. Oubliés les discours occidentaux anti-Kadhafi : tous les pétroliers mondiaux se bousculent en Libye qui représente, dorénavant, un pays hautement stratégique. Ses réserves sont estimées à près de 40 milliards de barils. Sous-exploitées depuis une vingtaine d'années, les ressources libyennes constituent un gisement potentiel incomparable. De retour, depuis la levée des sanctions américaines contre la Libye, les groupes présents sur place ont carte blanche pour réaliser 300 nouveaux forages dans le pays. La Libye est également riche en réserves de gaz naturel. Le pays de Kadhafi représente la 4e ressource gazière d'Afrique, après le Nigeria, l'Algérie et l'Egypte. En matière d'énergie fossile, la Libye est décidément incontournable. Assez, en tout cas, pour dégeler les « craintes » anti-Kadhafi.