Après avoir isolé la Libye, “Etat paria”, sur la scène internationale pendant de longues années, à travers un embargo occidental sans précédent, le chef du gouvernement britannique s'aperçoit en fin de compte que Kadhafi est un “interlocuteur respectable”. L'argent n'a pas d'odeur ! Au cours de sa visite en Libye, Tony Blair aura surpris plus d'un en affirmant que Mouammar Kadhafi, qui faisait l'objet d'une mise en quarantaine de l'Occident durant plus d'une décennie, n'est pas dépourvu de mérites. “Je trouve qu'il est très facile de traiter avec lui”, a déclaré Tony Blair aux journalistes l'accompagnant dans son avion à propos du leader libyen. Mieux, le locataire de Downing street a qualifié sa relation avec Kadhafi de “très bonne”. Le Premier ministre britannique, qui doit quitter son poste le 27 juin prochain, a aussi estimé que les rapports entre les deux pays avaient été “transformés”, tout en admettant qu'une visite dix ans auparavant aurait été inimaginable. Il faut dire que ce genre de louanges, de la bouche d'un dirigeant occidental, pour la personne du chef de l'Etat libyen étaient inimaginables, tant ce pays symbolisait la dictature et constituait un soutien pour le terrorisme aux yeux de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis ou de la France, par exemple. En effet, Londres a rétabli ses relations avec la Libye, après que Mouammar Kadhafi eut accepté en 1999 de remettre aux autorités britanniques deux suspects de l'attentat contre un vol de la PanAm qui avait fait 270 morts au-dessus de la ville écossaise de Lockerbie en 1988. L'annonce en 2004 par le colonel Kadhafi que son pays ne cherche pas à se doter d'armes de destruction massive, a modifié la position de Londres vis-à-vis de Tripoli, qu'elle considère, depuis, comme un partenaire clé pour la sécurité mondiale. Ces concessions libyennes ont suffi pour transformer l'image de la Libye, surtout qu'elle représente un marché plus qu'intéressant, notamment en matière d'hydrocarbures. Le contrat signé, lors de la visite de Tony Blair, par le président de la compagnie nationale du pétrole libyenne (NOC), Choukri Ghanema, d'un montant de 900 millions de dollars avec la compagnie pétrolière britannique BP pour des opérations d'exploration, illustre on ne peut mieux la nature des relations futures entre les deux pays. Outre le volet commercial, Blair estime que, dans le cadre de la lutte antiterroriste, la Libye constitue une importante source de renseignements sur Al-Qaïda, dont plusieurs s'étaient révélés de “grande valeur”. Dans ce cadre, des accords de défense et d'extradition ont été signés par Londres et Tripoli. K. A.