L'hémicycle de l'Assemblée populaire nationale, il le connaît comme si il y était né. L'intronisation de M. Abdelaziz Ziari, tête de liste FLN aux législatives du 17 mai dernier à Alger, au perchoir de l'APN est l'aboutissement d'un long et riche parcours dans la vie parlementaire. Il fit ses premières armes en tant que député au sein de la première législature 1977-1982. Depuis il n'a plus quitté les travées de l'APN soit en qualité de parlementaire ou en tant que membre de l'exécutif chargé des relations avec le Parlement, poste qu'il occupait jusqu'à son élection à la présidence de l'institution parlementaire. Les rares intermèdes où il avait été amené à prendre du recul avec le parlement c'était lors de la parenthèse de la période de transition politique qu'avait vécue notre pays et ses institutions élues. Il avait suivi cette période qui avait vu la mise en place d'instances législatives non élues – le conseil consultatif national sous le président feu Boudiaf et le Conseil national de Transition sous le président Liamine Zeroual – de son service d'endocrinologie de la clinique les Orangers à la Colonne Voirol à Alger où il avait repris du service. Il reviendra à la politique qu'il n'a en vérité jamais quittée en restant à l'écoute des réalités du pays, avec l'élection de Bouteflika en 1999 dont il avait soutenu la candidature. De par son parcours et son expérience en tant que parlementaire rompu aux arcanes du parlement il apparaissait comme le candidat tout indiqué pour diriger le ministère chargé des relations avec le parlement. Cette double expérience cumulée à la fois dans l'hémicycle de l'APN en tant que député, et président de la commission du travail et des affaires sociales, et par la suite ministre du gouvernement de M. Abdelaziz Belkhadem chargé des relations avec le parlement lui a permis de boucler la boucle et de s'accomplir politiquement en se forgeant discrètement – c'est un trait de sa personnalité – une stature d'homme politique nouveau issu du sérail, de la pépinière du FLN. Une nouvelle génération de responsables politiques qui investissent des places fortes des institutions de l'Etat telles que le parlement. Des postes autrefois exclusivement réservés pour des personnalités ayant cette particularité d'être des hommes du pouvoir et au pouvoir. Bien évidemment cette proximité de M. Ziari avec Bouteflika dont il revendique avec fierté le soutien à l'homme et à son programme d'action fait peser sur le nouveau président de l'APN des suspicions légitimes quant à sa capacité à démocratiser le fonctionnement du parlement. En dépit de son caractère pluraliste, celui-ci reste marqué par des pratiques hégémoniques héritées du parti unique et où l'opposition est réduite au rang de simple faire-valoir démocratique. Il serait certes présomptueux de croire que M. Ziari, bien qu'il possédât à son actif une culture politique et démocratique qui manquait cruellement à son prédécesseur, va pouvoir insuffler au sein du parlement une forte dose de parlementarisme qui remettrait en question les équilibres des pouvoirs tels que définis par la Constitution et tels qu'ils s'exercent sur le terrain. Ce que M. Ziari pourra en revanche apporter dans le fonctionnement du parlement et l'action législative c'est, au-delà des luttes du pouvoir auxquelles il sera amené en tant que chef du pouvoir législatif à être confronté et à se positionner, sa vision républicaine, moderniste et démocratique de la société. Il n'a pas le pouvoir et les outils institutionnels pour refonder le système politique algérien. Toutefois, en tant qu'enfant du parlement pour y avoir passé une tranche importante de sa carrière politique et vécu les transformations démocratiques de l'intérieur et de l'extérieur du parlement, du temps du parti unique d'abord, et à la faveur du multipartisme ensuite, il ne pourrait rester insensible au message adressé par la population aux pouvoirs publics à travers le taux d'abstention record enregistré lors des dernières élections législatives. Un vote sanction qui reflète l'ardent désir de la société d'aller vers plus de justice sociale, de transparence et de démocratie.