Fadéla Mehal, d'origine algérienne, est candidate aux législatives dans les 18e et 19e arrondissements de Paris pour le compte du parti nouvellement créé par François Bayrou, le MoDem. La jeune femme est membre du Conseil économique et social et présidente de l'association Les Mariannes de la diversité. Fadéla Mehal constate que « l'offre politique n'a pas été à la mesure de la demande ». « On est confrontés à quelque chose de plus global que le racisme. » Parlant des difficultés que rencontrent les Français issus des minorités, particulièrement maghrébine ou africaine, à pénétrer la sphère politique, elle estime que celle-ci est accaparée par une catégorie sociale qui se comporte comme une « caste », une « aristocratie ». « Cette classe politique vient des grandes écoles, fonctionne sur la cooptation. C'est une aristocratie de plus en plus coupée du reste de la société. Ses membres font l'ENA, entrent ensuite dans les cabinets ministériels. C'est très spécifique à la France. » Et « à chaque fois, on nous argue que la France n'est pas prête à faire plus de place aux minorités, c'est plutôt l'élite qui ne l'est pas. Il a fallu une loi sur la parité pour arriver à un taux de 12,3% de femmes à l'Assemblée nationale et 17% au Sénat ». Fadéla Mehal prévient que « la voix de la diversité en matière de représentation doit être entendue, car de nouveaux modes de représentation et d'expression sont en train de naître ». « L'ouverture est timide et elle se fait dans les circonscriptions réservées aux minorités sur des fonctions identitaires, celles de sergents recruteurs dans des quartiers communautaires. » Elle réfute cette « assignation à une fonction identitaire, comme si l'origine devenait une compétence professionnelle ». « Or, dans une circonscription, nous représentons tous les habitants et non pas une catégorie particulière. » Les Mariannes de la diversité, l'association que préside Fadéla Mehal, soutient les candidates, issues de la « diversité », toutes obédiences partisanes confondues, à partir d'un parcours. « Je suis de ceux qui disent qu'il faut y aller », indique-t-elle. Les Mariannes de la diversité est un mouvement national avec 11 antennes régionales avec, pour mission, la valorisation des parcours individuels de femmes issues de l'immigration pour une visibilité dans le champ économique et politique. « Nous avons beaucoup travaillé sur l'économique et l'égalité des chances. Nous travaillons sur le dialogue pour la paix après les émeutes des banlieues avec les mamans, sur des espaces de parole pour les femmes dans les quartiers. » « Je pense que la visibilité viendra de l'intérieur et de l'extérieur. Il faut s'organiser pour peser. Il faut être dans une démarche collective, faire un travail de réseau, de professionnalisation. Il y a des gens qui veulent faire bouger les choses. » Fadéla Mehal se dit toutefois encore pessimiste, car pour les législatives, « les circonscriptions données aux Franco-Maghrébins ne sont, pour la plupart d'entre elles, pas gagnables ». Fadéla Mehal suggère de passer par la proportionnelle. « On en a pour au moins dix ans, mais il y a une volonté forte de ne plus se laisser porter, les Français issus de l'immigration s'inscrivent en nombre dans les partis. Il y a un effet de surenchère et d'émulation. » Fadéla Mehal conclut son propos en affirmant : « On est d'ici avec une grande sensibilité à nos origines. Nous pouvons être des ambassadeurs efficaces et nous pouvons faire avancer dans une relation de gagnant-gagnant. »