La Cherchelloise Fadila Mehal se présente aux élections européennes, en troisième place, sous la couleur orange du Mouvement démocrate présidé par François Bayrou. Ses chances seraient sérieuses en IIe de France si l'abstention n'était pas son plus grand adversaire. Présidente d'une association féminine « les Marianne de la diversité » qui a beaucoup œuvré depuis les émeutes des banlieues, Fadila Mehal a été élue en 2008 vice-présidente du Mouvement démocrate de Paris. Une forte personnalité reconnue qui fait son chemin en politique après avoir occupé des fonctions de premier plan (conseillère ministérielle, membre du conseil économique et social, directrice de la culture). Elle est mariée et mère de 3 enfants et chevalier de la Légion d'honneur. Vous êtes 3e de liste du Modem aux européennes, croyez-vous que vos chances d'éligibilité sont importantes ? Bien sûr, tant qu'une bataille n'est pas menée, elle ne peut être perdue. La campagne commence à peine cette semaine et j'ai quinze jours pour convaincre les électeurs franciliens. Nous avons des arguments indiscutables et la popularité incontestée de François Bayrou en est un signe fort. Comme il le rappelle, il nous faut choisir un nouveau modèle de société où l'argent ne sera plus l'étalon de la réussite, par ailleurs le socialisme a fait faillite après le chute de Berlin, il reste une troisième voie, une alternative fondée sur l'homme et ses valeurs d'humaniste et le mouvement démocrate l'incarne mieux que personne. Forte de cette conviction, et si les citoyens se mobilisent autour de nos idées et de ma personne, j'ai en effet des chances réelles de devenir députée européenne le 7 juin prochain. François Bayrou fait une campagne très pertinente, comment le Modem appréhende-t-il ces élections ? Avec la conviction profonde que l'Europe doit changer face à la crise profonde que nous traversons, elle doit répondre aux aspirations et à la désespérance des citoyens, notamment les plus fragilisés ; pour cela, il faut une volonté politique. La crise que traverse le monde, le désordre économique, le chômage, les délocalisations, le dumping social, la privatisation des services publics, tout nous pousse à redonner à l'Europe une autre ambition, un nouvel élan. Mais celui-ci ne peut se faire qu'avec une adhésion plus forte des citoyens pour qu'ils ne se sentent pas des spectateurs impuissants de directives technocratiques. Pour remédier à cela, le Mouvement démocrate propose deux mesures qui ne coûteront pas un seul euro aux citoyens : nous voulons que pour toutes les décisions qui concernent la vie des citoyens qu'ils soient informés 3 mois à l'avance pour saisir leurs élus, leurs syndicats ou leurs associations, deuxième mesure, que tous les votes ou délibérations soient filmés et publiés sur internet afin que les politiques prennent leurs responsabilités devant les citoyens et n'accusent pas de façon commode Bruxelles de tous les maux. Nous nous lançons dans la bataille des européennes avec pragmatisme et sans idéologie. Nous proposons des mesures de bon sens, vraies, celles que nous croyons justes, et les Français nous aiment pour cela. Vous-même, vous avez réussi votre implantation à Paris, mais pourquoi la diversité s'exprime si peu, selon vous, dans les partis politiques ? Votre parti a-t-il une approche sur ce sujet ? C'est vrai que j'ai réussi mon implantation à Paris après avoir beaucoup voyagé entre le nord et le sud de la France. Aujourd'hui, je suis installée à Paris, j'aime cette ville et sa région. Je me suis imposée peu à peu par mon travail et mon esprit d'ouverture et pas seulement parce que je suis une femme issue de l'immigration algérienne. Sur le plan politique, très honnêtement en termes de diversité, depuis les législatives de 2007, il y a eu des avancées certaines vers une banalisation de ces candidatures diverses, il faut continuer. Au Modem, ce qui compte ce n'est pas ce que l'on est, mais ce que l'on fait. J'ai la chance d'être dans la liste Ile-de-France de Marielle de Sarnez, députée reconnue et europhile de longue date, on lui doit le dispositif Erasmus. Sa démarche est simple : rassembler les meilleures compétences pour porter notre projet humaniste. J'ajoute que ma candidature a été retenue par une commission collégiale et que ce sont les adhérents du mouvement qui ont voté pour la liste. Notre approche tient en deux mots : seule la compétence et le terrain vous donnent une légitimité et nous combattons toutes les discriminations qui peuvent entraver le parcours des militants et les empêcher d'accéder à des fonctions électives. Croyez-moi, je veille particulièrement à ce que nous marchions sur ces deux pieds et François Bayrou aussi. Vous avez été nommée par Yazid Sabeg, commissaire à la diversité et à l'égalité des chances, vice-présidente de la commission Médias et diversité présidée par Bernard Spitz, quels sont vos objectifs et votre démarche ? Je suis honorée d'avoir été appelée à travailler pour l'intérêt général avec Bernard Spitz dans une commission pluraliste composée de professionnels des médias. Bernard a présidé les assises de la presse écrite pour le gouvernement. Médias et diversité, voilà un sujet qui me tient beaucoup à cœur car si je suis actuellement directrice de la culture et de l'information dans un grand établissement public chargé de cohésion sociale ; j'ai été aussi dans ma jeunesse, après l'école de journalisme et un DEA au Celsa (Sorbonne), animatrice et productrice à la Chaîne III algérienne. Ces expériences m'ont forgée et montré le poids des médias dans l'imaginaire collectif et la façon dont ils peuvent faire changer nos représentations. Je crois que nous devons lutter contre une démocratie d'opinion et un nivellement par le bas des contenus si nous voulons sauver notre exception culturelle. Les médias ne sont pas des biens comme les autres, à la fois entreprises économiques mais aussi biens culturels. Nous devons réconcilier ces deux logiques. La commission doit apporter au président de la République, dès septembre, des préconisations concrètes pour changer l'univers de ces médias et les rendre plus ouverts à la diversité. Nous travaillons sur des points très précis : la formation des professionnels, la progression des carrières, l'information et bien sûr le programme et les contenus. Je suis heureuse de participer à ces travaux car Bernard Spitz est un homme remarquable et nous sommes entourés de femmes et d'hommes de grande qualité, à l'image de Virginie Calmets, PDG d'Endémol, Bernard Sanases, DG de Euro RSCG ou Nordine Nabili, directeur du Bondy blog et de tant d'autres.