Sous la colonisation, la région d'Annaba représentait plus de 20% des quelque 70 000 t/an représentant la production cotonnière en Algérie répartie entre El Harrouch, Sig, Chlef et Relizane. Cette performance n'est plus qu'une vieille histoire. Particulièrement après la tentative avortée de relancer cette spéculation agricole en 2004. En effet, la production des 200 hectares exploités pour des essais dans le cadre d'une opération pilote, n'a pas été bien prise en charge dans les wilayas d'Annaba, El Tarf , Guelma et Skikda. Il s'agissait beaucoup plus de blocage généré par la bureaucratie des institutions de l'Etat que de la mauvaise volonté des principaux acteurs sur le terrain. Tout avait été pourtant mis en place avec la création en 2004 de la société mixte algéro-française Somecoton. Il s'agissait du résultat d'un partenariat entre le holding français Agri-industriel Développement des agro-industries du Sud (Dagris) et les Algériens du groupe industriel du textile Manufacturing Company (Texmaco). Somecoton avait été chargée de concrétiser en toute priorité deux projets : réaliser des tests dans les zones traditionnellement vouées à la culture du coton – réhabiliter l'usine d'égrenage de la coopérative agricole régionale des services et cultures industrielles Lalymia Lakhdar-Annaba. C'est en fonction des résultats de ces deux opérations qu'avait été envisagée, au titre de 3e projet, la réalisation de nouvelles unités d'égrenage. Somecoton devait ainsi atteindre à l'horizon 2015, l'exploitation de plus de 10 000 ha pour la culture du coton avec une production estimée à 30 000 t/an de graines de coton. Ces projets avaient été très bien accueillis par les agriculteurs de la région. Ces derniers avaient exprimé leur volonté de participer activement à la réhabilitation de la culture du coton. Ils avaient été stimulés par la disponibilité en Algérie de moyens de production de filature et de tissage d'une capacité de 42 000 t/an. Ainsi effectués dans les quatre wilayas de l'Est en 2004/2005, les essais ont permis d'atteindre des résultats dépassant toutes les prévisions. Outre l'excellence de la qualité de la fibre de coton, les agriculteurs avaient réalisé une production de 30 à 40 quintaux à l'hectare dès la 1re campagne (2004/2005) sur une surface de 30 ha. Sur certaines surfaces, des piques de 48 qtx/ha ont été enregistrés. Malheureusement, la logistique n'a pas suivi. Les engagements pris par Somecoton quant à l'acquisition d'une récolteuse et sa mise à la disposition des agriculteurs, n'ont pas été respectés à cause de la bureaucratie. L'utilisation des moyens manuels pour la récolte, ceux mécaniques étant inexistants, s'est avérée incontournable. Ce qui s'est négativement répercuté sur le prix de revient. « La récolteuse promise était arrivée très en retard. Nous avions été contraints de procéder à la cueillette manuelle avec le surcoût que cela sous-entend. Après nous avoir promis monts et merveilles, les représentants de Somecoton nous ont abandonnés », nous dira un agriculteur. Une année après avoir permis tous les espoirs, la culture du coton ou « l'or blanc » est abandonnée. Elle fait, une nouvelle fois, partie de l'histoire dans la région d'Annaba. L'échec de l'opération a été ressenti par les travailleurs des filatures de Constantine, Barika et Batna. Les unités de production qu'ils ont en charge ont globalement besoin de 15 000 t/an de coton. En l'état actuel des choses au niveau de leur entreprise respective, ils ne peuvent procéder à l'importation de la matière première (fibre). A elle seule, cette dernière représente plus de 50% du prix de revient du produit textile.