A moins que l'Etat veuille remettre la main à la poche, Sonelgaz, Société nationale de l'électricité et du gaz, sera dans l'incapacité de rembourser ses emprunts dont l'échéancier rapproché se présente à partir de 2009/2010. C'est en substance le message qu'a tenu à transmettre le PDG du groupe Sonelgaz, Nouredine Bouterfa, aux pouvoirs publics, à l'occasion de la présentation du bilan consolidé du groupe public pour l'exercice 2006. M. Bouterfa a longuement insisté sur la nécessité de trouver une solution pour pérenniser l'équilibre financier du groupe. De l'aveu de son premier responsable, « Sonelgaz a rencontré des difficultés en 2006 pour assurer le financement de son programme d'investissement ». Sur les 107 milliards DA prévus initialement à l'investissement en 2006, Sonelgaz n'a finalement pu mobiliser que 97,4 milliards DA dont le tiers sur autofinancement (31,4 milliards DA) et le reste par recours aux sources externes. Pour solutionner ce décalage financier, c'est le Trésor public qui a été sollicité pour apporter sa garantie. Les projets de Sonelgaz, qui nécessitent des financements avoisinant les 580 milliards DA d'ici à 2010, bénéficient du concours de la Banque nationale d'Algérie (BNA), et ce, à travers les emprunts obligataires. Pour s'engager dans ce plan, la BNA a reçu la garantie du Trésor public, a précisé M. Bouterfa. C'est la solution qui a été retenue dès lors que le fonctionnement des banques sur la base des ratios prudentiels limitait l'accès au financement à des montants dérisoires, explique le PDG de Sonelgaz. Il soulignera à titre indicatif que « les ratios prudentiels de l'ensemble des banques publiques rassemblées ne répondaient pas aux besoins financiers exprimés par Sonelgaz ». « Même l'augmentation des tarifs ne peut résoudre le problème dès lors que le financement d'un plan annuel d'investissement nécessite du cash-flow disponible », explique M. Bouterfa qui continue cependant à plaider l'option de la révision des prix dans une vision à plus long terme. Les efforts consentis en intragroupe ne suffisent pas, reconnaît le conférencier. « Nous déployons des efforts considérables pour réduire nos coûts et récupérer nos créances et nos pertes non techniques sans que cela soit suffisant pour assurer le financement de notre plan d'équipement prévu pour l'horizon 2012-2015 », a affirmé le PDG de Sonelgaz lors de l'allocution prononcée en ouverture des travaux. L'alternative Si la question du financement du programme d'investissement a enfin été réglée, celle liée au remboursement ne l'est pas encore. « Fatalement, la question du remboursement sera rediscutée avec le propriétaire qu'est l'Etat », annonce d'emblée M. Bouterfa avant d'ébaucher deux pistes possibles. Pour le patron du groupe public, « soit l'Etat finance nos investissements à travers des subventions, ce qui est conforme à la loi sur l'électricité, ou alors trouve un mécanisme pour assurer notre équilibre financier ». Le bilan consolidé du groupe fait ressortir par ailleurs des signes de « fragilité ». Plusieurs prévisions de départ n'ont pas été réalisées, à commencer par le chiffre d'affaires (CA) qui s'est élevé à 115,28 Mds DA (+15%). L'objectif était de 121,4 Mds DA. Alors que le résultat net consolidé du groupe (hors filiales périphériques et travaux) croît de 5% entre 2005 et 2006 pour s'établir à 16,1 milliards DA, les charges totales nettes s'envolent de 19%. Ces dernières s'élèvent à 98,6 milliards DA. Elle sont dues à la prise en charge des achats d'électricité auprès des producteurs indépendants (Kahrama et SKS), ainsi que l'augmentation du prix d'achat du gaz naturel à Sonatrach (+39% de consommation), ce qui a fait grimper le prix de revient du kWh distribué de 20% en une année. L'augmentation des amortissements (+13%), les frais de personnel (6%) et des frais financiers générés par les emprunts obligataires de 2006 (+21%) sont les autres postes de charge. L'amélioration du résultat net est par contre une conséquence du recul du déficit hors exploitation de moins 262 millions DA (moins 1,4 Mds DA en 2005) ainsi que par la politique étendue de provision de couverture des risques et d'assainissement des comptes, précise le rapport final de Sonelgaz. Ceci étant, avertit M. Bouterfa, « un tel résultat… ne sera probablement pas réédité en 2007 et les années suivantes compte tenu de l'ampleur de nos besoins pour faire face aux pointes de remboursement des financements contractés afin de boucler notre plan d'investissement d'ici à 2010 ». Le PDG de Sonelgaz a émis le souhait de voir l'Etat « renoncer à prendre des dividendes » d'autant plus que le résultat net sera « entièrement réinvesti ». Le groupe traîne également 31,24 Mds DA de créances, ce qui représente l'équivalent de 2,9 mois de CA.