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Le coup de cœur d'une physicienne
Allab-Yaker Malika. Docteur d'état en sciences nucléaires
Publié dans El Watan le 07 - 06 - 2007

Difficile d'enfermer dans une seule case Malika Allab-Yaker tant elle sait jouer sur plusieurs cordes, même si sa préférence va au nucléaire, domaine qu'elle côtoie depuis plus de 40 ans. Pas question pour elle de changer de cap.
Malika pratique son métier avec la modestie d'un artisan et l'orgueil d'un artiste. Exigeante avec elle-même, cette « physicienne » invétérée est indulgente envers les autres. Attentionnée, elle répond à nos questions avec tact en évoquant la passion qu'elle nourrit pour le savoir et la science et cette immense fascination pour cet univers qu'elle a choisi. Son caractère, son énergie ont fait d'elle l'archétype de la femme épanouie, émancipée, pionnière ouvrant ainsi la voie à ses cadettes. En 1962, elle était l'une des rares Algériennes lettrées de l'université. A la veille de l'indépendance, elle avait déjà son bac « mathelem » en poche et se préparait au concours d'entrée aux grandes écoles. Trois années après, elle était licenciée en sciences physiques, couronnée d'un doctorat de 3e cycle en physique nucléaire. Elle garde le souvenir d'une période studieuse où, dans les amphithéâtres, elle était la seule femme parmi 120 garçons. Sa famille — les Yaker — de 11 enfants qui ont pratiquement tous fait des études supérieures, était-elle prédestinée à produire de hauts cadres ? Y a-t-il eu influence quelque part ? « Mon père Mohamed, fonctionnaire de l'administration, titulaire d'un ‘'gros'' certificat d'études, qui vaut son pesant aujourd'hui, nous avait encouragés et stimulés. Quant à ma mère Fernane Yamina, elle était analphabète, mais dotée d'une culture orale trilingue extraordinaire. Indéniablement, elle a été le moteur de notre éducation », reconnaît-elle. Sa chance à elle, c'est d'avoir été la meilleure pour pouvoir accéder aux choix qu'elle s'est fixés. Choix qui auraient pu être contrariés par la folie de l'OAS, dont l'action dévastatrice avait paralysé tous les secteurs, y compris celui de l'université. Mais notre chercheur n'a pas abdiqué, poursuivant ses études quelques mois après à l'université d'Alger, pour y décrocher au bout de quatre ans, un doctorat de 3e cycle sous le thème « Etudes de réaction nucléaire à basse énergie ».
La première africaine
« Cela a fait du bruit à l'époque. J'étais la première Africaine à aborder un tel sujet, à obtenir une telle distinction et à décrocher un tel diplôme. Naturellement, c'était un motif de fierté. » Quelques années plus tôt, dans un silence assourdissant, l'occupant avait largué ses bombes atomiques au Sahara. Les séquelles de cette abominable opération sont toujours là et des voix se sont élevées pour réclamer justice. « Je crois que c'est légitime que des femmes et des hommes touchés dans leur chair réclament justice. On n'a pas le droit de se jouer de la vie des autres et, en plus, à leur insu ; c'est criminel. » Le nucléaire, elle connaît forcément, c'est son domaine de prédilection. Enseignante à l'université après 1964, 10 ans plus tard, elle soutient un doctorat d'Etat dans le domaine de la physique nucléaire fondamentale. L'enseignante qu'elle est a connu les turbulences de l'université « où les enseignants ont de plus en plus de difficultés à communiquer avec les étudiants qui ne sont pas préparés tant au niveau de la langue, surtout pour les matières scientifiques, que de la formation ». Pour avoir été présidente du conseil scientifique de l'institut de physique de l'USTHB, elle sait de quoi elle parle. « Il faut absolument se pencher sur les programmes et sur leur mise en application par des enseignants motivés. D'une manière plus globale, il nous faut une meilleure gestion des cadres de l'Etat. Les cadres ne sont pas appréciés à leur juste valeur. Pourquoi sont-ils rentables et performants à l'étranger et pas chez eux ? Il y a quelque chose qui ne va pas. Il faut donner aux compétences un cadre de travail adéquat, leur faire confiance, leur assurer un pouvoir d'achat décent… A voir de près, il y a assurément malaise dans la gestion des ressources humaines. » Quant à l'école qualifiée à tort ou à raison de sinistrée, « elle ploie, selon notre docteur, sous le poids du grand nombre. C'était un choix à l'époque. La formation s'en est ressentie. Maintenant, je crois qu'il faut viser la qualité et l'excellence pour mieux avancer. » Enseignante, chercheur, elle a séjourné à Vienne en qualité d'experte auprès de l'AIEA, de septembre 1982 à septembre 1986, en compagnie de son mari Allab Daho, ancien directeur de l'Institut d'études nucléaires, nommé à l'époque gouverneur, représentant de l'Algérie auprès de cette institution. Evoquant sa propre expérience, « dans le nucléaire, former un cadre exige beaucoup de temps. De plus, par les temps qui courent, nos partenaires ne veulent plus transférer comme avant les connaissances et les technologies. Alors, quand on perd un cadre, il est très difficile de le remplacer. Le secteur, avance-t-elle, dispose de cadres compétents qu'ils faut encourager et aider. » Elle assurera sa première fonction politique durant l'année 1992/1993 où elle est nommée secrétaire d'Etat chargée de la recherche scientifique. « Cela ne s'est pas trop mal passé, d'autant que j'avais aussi en charge le département de l'environnement. » Puis, elle s'implique dans la société civile à travers l'Association des femmes cadres algériennes pour la revalorisation et l'élargissement de l'encadrement féminin (Afacare) au sein des instances et institutions algériennes. « Le taux des femmes reste encore faible au niveau du pouvoir de décision. Pourtant il y a beaucoup de compétences au sein du sexe dit faible, ignorées, marginalisées, formées à coups de milliards, mais dont l'Etat ne tire pas les dividendes pour le développement du pays. C'est inacceptable pour une nation qui a pourtant besoin de toutes ses potentialités. »
Le code la famille est en retrait
Afacare veut s'ériger au lobby qui essaie de peser sur la scène. « Pour qu'un pays puisse avancer, l'impulsion de la société civile est fondamentale. C'est en tout cas notre vision et notre philosophie. » Dans cette association, Malika est restée de 1988 à 2006 en passant le relais à d'autres, « parce qu'elle croit fermement à l'alternance et à la démocratie. » Le statut de la femme en Algérie ? « Il n'a pas évolué comme je l'aurais souhaité. Je crois que ce qu'il faut faire évoluer, ce sont les mentalités. Certes, des pas ont été faits, mais ce n'est pas suffisant. Pourtant, la Constitution donne les mêmes droits aux femmes et aux hommes. J'estime que c'est au niveau de l'éducation que tout se joue. C'est l'éducation qui doit guider les relations au niveau de la famille et, d'une manière plus générale, au niveau de la société. Vous avez beau faire des lois, on peut toujours les contourner. Il faut mettre des garde-fous pour un code plus souple. » De 2001 à 2006, elle a été nommée à la présidence du Conseil d'administration du commissariat à l'énergie atomique (Comena), qui connaît des turbulences cycliques. « J'en suis profondément affectée. »
L'Algérie respecte ses accords
Pourquoi le nucléaire, qui attire autant qu'il répulse, est-il au cœur d'enjeux considérables ? Pourquoi, par exemple, la Corée du Nord et l'Iran sont-ils mis à l'index ? Pourquoi les Américains imposent-ils le silence dans les rangs dans ce domaine ? « Le nucléaire, c'est l'énergie. Qui dit énergie dit puissance. Maîtriser ce secteur, c'est déjà se positionner dans le classement des puissants. C'est une arme. L'énergie nucléaire est tellement difficile à maîtriser car elle associe la technologie dans des domaines aussi divers que la science et l'industrie. On a peur des méfaits de cette énergie. Rappelez-vous Hiroshima et Nagazaki… Avec l'adhésion au Traité de non-prolifération nucléaire de presque tous les pays de la planète, on ne devrait utiliser que des nombreuses applications de l'énergie nucléaire pour la médecine, l'environnement, les ressources en eau, l'agriculture, l'industrie… » La loi sur le nucléaire, qui sera votée prochainement par l'Assemblée nationale, devrait mettre en place un dispositif réglementant l'utilisation de l'énergie nucléaire. Il y a même un protocole avec les Etats-Unis qui sera signé la semaine prochaine à Alger. « C'est une bonne chose. Le nucléaire à usage civil doit être développé. Seulement, il faut diversifier les accords pour une coopération mutuellement bénéfique. L'Algérie travaille déjà dans ce domaine avec l'Argentine, la Chine, l'Afrique du Sud et prochainement l'Egypte. Cela dit, l'Algérie respecte tous ses accords internationaux et soumet périodiquement ses installations aux vérifications de l'agence dirigée par Mohamed El Baradaï. » Ce que lui inspire l'Algérie actuelle ? « Notre pays est passé d'un système d'économie dirigée à une économie de marché. Infailliblement, il faut une période de transition qu'on est en train de vivre. Avec certainement ses travers. Il faut bien réfléchir à toutes les réformes, car tous les secteurs de la vie courante sont touchés. Personnellement, je pense que la société civile a un rôle important à jouer pour impulser, voire bousculer la vie politique. C'est peut-être difficile, mais c'est un pari qui mérite d'être tenté. » Ce qu'elle aurait voulu être si elle n'avait pas été l'experte en nucléaire ? « A posteriori, je ne sais pas. Je suis tellement embarquée dans ce domaine que je ne me suis pas posée la question de savoir si j'ai fait le bon choix. De toutes les manières, en 1961, c'était l'opportunité pour un pays qui cherchait des cadres pour son développement. C'était conforme à mon profil et à la vision de l'époque. Je suis là et je suis bien. » On vous le disait au début. Cette passionnée du nucléaire ne pourrait changer de vocation pour tout… l'uranium du monde.
PARCOURS
Allab-Yaker Malika est née le 14 septembre 1942 à Larbaâ Nath Irathen (w. de Tizi Ouzou). Mariée, 3 enfants. Elle a fait l'école primaire à Clos Salembier en 1948, puis à l'école Lutaudau, Champ-de-Manœuvres (1er Mai). Ses études secondaires, elle les a effectuées au lycée Delacroix à Alger de 1954 à 1961 où elle décroche le bac série maths. En 1961, elle prépare le concours d'entrée aux grandes écoles. En 1964, elle décroche sa licence en sciences physiques à l'université d'Alger. En 1966, elle obtient le doctorat de 3e cycle en physique nucléaire. En 1974, elle étrenne le doctorat d'Etat ès sciences physiques option sciences nucléaires. Elle effectue de nombreux séjours au Centre d'études nucléaires à Grenoble. Elle enseigne à l'université d'Alger depuis 1964. En 1992, elle fait partie du gouvernement Belaïd Abdeslam en qualité de secrétaire d'Etat chargée de la Recherche. En 1994, elle est professeur directeur de recherche à l'USTHB. De 2001 à 2006, elle est présidente de Conseil d'administration du commissariat à l'énergie atomique (Comena). Elle occupe aussi la présidence de l'Association des femmes cadres algériennes de 1998 à 2006. Elle a à son actif de nombreuses contributions scientifiques publiées dans les revues mondiales spécialisées dans l'énergie nucléaire.


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