Attendu, hier, pour comparaître devant la cour criminelle d'Alger, l'ex-émir du GSPC, Abderrezak El Para, de son vrai nom Amar Saïfi, était absent à l'audience. Le juge a décidé de renvoyer sine die le procès pour la prochaine session, dont la date reste à déterminer. Le nom du chef terroriste, actuellement en détention après une longue cavale dans le Sud algérien et qui a pris fin dans le désert tchadien, figurait pourtant sur une liste de six prévenus, les cinq autres étant poursuivis pour soutien. Selon maître Boumerdas, avocate d'un des prévenus, en l'occurrence Azzouz Mohamed Chérif, le renvoi n'est pas lié à l'absence du chef terroriste, mais à celle du prévenu Salah Eddine Nourani, actuellement en détention à Constantine. Le transfert de celui-ci a, d'ailleurs, suscité un débat entre le collectif des avocats de Azzouz Mohamed Chérif et le ministère public. Les uns s'interrogeant sur les raisons de cette absence, alors que l'avocat général affirmait mordicus que ses services ont bel et bien saisi le parquet de Constantine afin de permettre au prévenu Nouioua de comparaître à l'audience. Il faut savoir cependant que la cour n'a guère focalisé sur celui qui défraie la chronique et extradé de Libye, le 27 octobre 2004, à savoir Abderrezak El Para. Pour la cour, ce dernier est en fuite, se basant ainsi sur un renvoi rendu par la chambre d'accusation en mai 2004. Une particularité propre à la pratique judiciaire qui ne s'en tient qu'aux documents dûment consignés par les services de la justice, explique un avocat. Toujours est-il que les chefs d'inculpation de cette affaire sont, entre autres, création de groupe terroriste et diffusion de documents subversifs. Ancien parachutiste des troupes spéciales de Biskra, El Para a été rayé des effectifs de l'ANP en 1991. En 1999, le natif de Guelma a rejoint le GSPC, créé par Hassan Hattab, un transfuge du GIA. Abderrezak El Para s'est illustré, au mois de décembre 2002, par l'enlèvement de trente-deux touristes occidentaux au sud du pays. Enlèvement qui a tenu l'opinion publique en haleine pendant près de cinq mois, durant lesquels un premier groupe de dix-sept otages a été libéré par les troupes de l'ANP à Tamanrasset, alors que le second groupe a été forcé de suivre les ravisseurs jusqu'au nord du Mali, à Kidal, où il a été libéré en contrepartie du paiement par le gouvernement allemand d'une rançon de plus de 5 millions d'euros. Avec cet argent, El Para a renforcé son organisation militairement, matériellement et humainement. De 80 éléments, elle est passée à plus de 200 terroristes lourdement armés. Une situation qui a fait craindre aux Etats, notamment les Etats-Unis, la création d'une zone « terroriste » dans la région du Sahel. El Para et ses troupes ont fini par quitter Kidal sous la pression des chefs de tribu soumis à de fortes pressions, notamment américaines. Ils ont rejoint le nord du Niger où ils ont subi de lourdes pertes à la suite de l'offensive menée par l'armée nigérienne. Seulement, une centaine d'éléments, à leur tête El Para, ont pu survivre à cette opération militaire. Suivi à la trace par des satellites de surveillance américains, le groupe a été intercepté par l'armée tchadienne. Encore une fois, il a perdu un grand nombre de ses éléments. Moins d'une vingtaine de terroristes seulement ont réussi à fuir les bombardements des forces tchadiennes. Mais quelques jours plus tard, ils ont été arrêtés par les combattants du MDJT et mis en prison dans un camp à Tibesti. Selon des sources dignes de foi, le chef terroriste serait interné à la prison civile de Serkadji.