Dans Louise Michel en Algérie, un ouvrage qui vient de paraître en France aux éditions Libertaires, Clotilde Chauvin relate le voyage de la communarde Louise Michel en Algérie, en 1904, alors qu'elle était déjà âgée de 74 ans. Lyon : De notre correspondant C'est trente ans plus tôt qu'elle en avait fait la promesse aux déportés algériens en Nouvelle-Calédonie. L'égérie des barricades de la Commune de Paris y avait également été expulsée manu militari, en novembre 1873. Elle y avait rencontré dès son arrivée, d'autres révolutionnaires, de « burnous blancs vêtus », écrivait-elle. Elle y découvre ces Algériens qui s'étaient eux aussi soulevés contre l'oppression, en 1871, sous la bannière d'El Mokrani, leader avec qui elle eut des entretiens. Amnistiée, comme les autres Français, elle promet de se battre pour les Algériens qui restent assignés sur cette terre lointaine du Pacifique. « Avec les anarchistes, à Paris, le combat va être long, mais il aboutira à l'amnistie, en 1904 », a précisé l'auteure du livre, lors d'une rencontre au centre international de recherches anarchistes, à Marseille. « Elle n'a qu'une parole et, malgré qu'elle ne soit plus très jeune, elle part pour l'Algérie où elle donne plusieurs conférences. » Clotilde Chauvin, pour la rédaction de cet ouvrage au contenu inédit, a effectué des recherches dans les biographies de Louise Michel et dans tous les documents disponibles à la bibliothèque nationale de France à Paris, aux archives de la préfecture de police à Paris, aux archives départementales, et aux archives de l'outre-mer, à Aix-en-provence, etc. « Pour ce voyage algérien, il n'y a pas de rapports de police », explique-t-elle. Peut-être pensait-on qu'une révolutionnaire âgée n'est plus très redoutable ! La meilleure source reste les journaux, et particulièrement les feuilles anarchistes ou anticoloniales. Partout où Louise Michel s'exprime en Algérie, à l'est, à l'ouest ou à Alger, les salles sont combles. Dans le public, les rares Algériens au milieu d'un aéropage essentiellement européen, vont rencontrer des fondements qui leur parlent, dans leur lutte contre l'oppression et pour la liberté. On vient voir et entendre la « vierge rouge » dont la renommée a dépassé les frontières de l'hexagone. Parmi les nombreux thèmes, celui de l'antisémitisme, alors qu'en France sévit l'affaire Dreyfus, et qu'en Algérie, depuis les décrets Crémieux, la nationalisation est offerte aux juifs, mais pas aux musulmans. Au cours de son périple, Louise Michel devait rencontrer Isabelle Eberhardt à Figuig (frontière marocaine), mais le décès de l'aventurière convertie à l'Islam coupe court à ce rendez-vous. Louise Michel quitte Alger à la fin de l'année 1904, fatiguée, pour rejoindre Marseille où elle décède en janvier 1905.