L'espoir d'un accord de paix entre Israël et la Syrie s'est envolé aussi vite qu'il avait été évoqué. Vendredi 8 juin, le premier quotidien israélien Yediot Aharonot dévoilait en exclusivité le « message secret » dans lequel Ehud Olmert, Premier ministre israélien, confiait au président syrien Bachar Al Assad, « être prêt à payer le prix de la paix », c'est-à-dire restituer le plateau du Golan aux Syriens. En échange, Damas devrait renoncer à son alliance avec Téhéran, mettre un terme à son soutien au Hezbollah et aux organisations palestiniennes qualifiées de « terroristes » sur son sol. Le silence de la Syrie à cette « main tendue » a été rompu le 11 juin : les propositions d'Olmert, jugées « pas sérieuses » par le régime de Bachar Al Assad, sont tout bonnement rejetées. Rafi Eitan, ministre israélien des Retraités, semblait dans le vrai lorsqu'il déclarait : « Tout se passe sur le seul plan des médias. Les chances que quelque chose de concret en sorte sont à mon avis très faibles. » Les deux Etats ont pourtant intérêt à trouver un terrain d'entente, comme l'explique le chercheur israélien Eyal Zisser, spécialiste des relations israélo-syriennes. Mais Israël s'est contenté d'en afficher l'envie pour des raisons géopolitiques. En effet, le gouvernement souffre d'une impopularité record. Olmert, critiqué pour sa gestion désastreuse de la guerre contre le Liban, se voit aussi vigoureusement reprocher son soutien passé au retrait de la bande de Ghaza. Dans ce contexte, il semble difficile que son gouvernement ait les moyens de se séparer du Golan. Le but premier de cette perche tendue pourrait être de rassurer, suite aux informations alarmistes véhiculées depuis des mois par la presse israélienne, sur un éventuel conflit armé avec la Syrie. Des commentateurs israéliens voient même, dans la prétendue « fuite » sur cette correspondance secrète, une manœuvre gouvernementale consistant à assurer l'opinion israélienne, sans trop en faire, des énormes efforts diplomatiques en faveur de la paix. Cela rejoint la thèse d'Eyal Zisser : « Le gouvernement actuel a intérêt à montrer au public qu'il fait de son mieux pour conserver la paix. Faire la paix avec la Syrie pourrait aider le gouvernement à l'intérieur. »