En proposant à Damas un échange du plateau du Golan contre la paix, mais avec d'autres conditions contraignantes mais négociables, le chef du gouvernement israélien semble adopter la stratégie de l'offre arabe, qui propose “la terre contre la paix” à l'Etat hébreu. Ce qui n'était jusque-là que des informations de presse, à savoir les contacts secrets et indirects entre Israël et la Syrie, a été confirmé, hier, par le ministre israélien des Transports, Shaoul Mofaz. Ce dernier a affirmé que cette initiative avait pour objectif de sonder les intentions éventuelles de paix de ce pays avec Israël. Ceci étant, Damas n'a ni confirmé ni infirmé ces informations. “Il y a eu des contacts par le biais de canaux secrets et, à ce stade, il n'y a pas eu de réaction syrienne”, a déclaré Mofaz à la radio publique israélienne. Sans révéler les modalités et le contenu de ces contacts, il a confirmé donc les informations publiées la veille par le quotidien à grand tirage Yédiot Aharonot. “Suite à la tension régnant actuellement entre les deux pays et aux récentes déclarations syriennes en faveur de la paix, j'ai toujours pensé et pense aujourd'hui encore que les canaux secrets permettent de sonder les intentions”, a indiqué Shaoul Mofaz. Evoquant les accords de camp David de 1979, le général a aussi affirmé : “Je tiens à rappeler que dans le passé nos accords de paix ont débuté par des contacts via des canaux secrets.” Le ministre israélien a regretté l'attitude “ambivalente des Syriens qui, d'une part, expriment leur volonté de renouer le dialogue et, d'autre part, ne répondent pas une fois que des messages en ce sens leur sont adressés”. Ce quotidien israélien révélait que le Premier ministre Ehud Olmert a récemment fait savoir à la Syrie par des messages secrets qu'il était prêt à renouer le dialogue et à évacuer le plateau du Golan, occupé en 1967 et annexé en 1981, en échange de la paix. Ces messages ont été adressés au président syrien Bachar al-Assad par l'intermédiaire de dirigeants de Turquie et d'Allemagne. De son côté, le mouvement israélien La Paix maintenant a appelé la Syrie, dans une lettre adressée samedi à l'ambassadeur syrien à Washington, Imad Moustapha, à “fixer une date et un lieu de rencontre pour la reprise des négociations israélo-syriennes”. Dans cette lettre, Yariv Oppenheimer, le dirigeant de La Paix maintenant, affirme que “le peuple d'Israël est prêt à des compromis territoriaux pour parvenir à la paix”. Ehud Olmert, qui a écrit dans son message à Bachar al-Assad : “Je sais qu'un accord de paix avec la Syrie m'obligera à ramener la souveraineté de la Syrie sur le plateau du Golan, et je suis prêt à assumer mes responsabilités en vue d'établir la paix entre nous”, veut-il vraiment la paix ou s'agit-il seulement de nouvelles manœuvres pour tromper l'opinion publique internationale, comme ce fut le cas jusque-là ? Il doit démontrer sa sincérité parce que l'offre de paix arabe, formulée par la Ligue arabe, se base sur l'échange de la terre contre la paix, comme semble le proposer le chef du gouvernement israélien. Pour rappel, les négociations de paix entre la Syrie et Israël, parrainées par Washington, avaient été suspendues en janvier 2000 et Damas avait exigé, pour les reprendre, un engagement préalable d'Israël à se retirer du Golan jusqu'aux lignes du 4 juin 1967, mais le Premier ministre de l'époque Ehud Barak, confronté à une forte opposition interne, avait refusé. K. ABDELKAMEL