Le jeune homme de 78 ans qu'il fut, tant dans son alerte émarche qu'en esprit, a tiré sa dernière révérence. Attar Tayeb, dit Cheikh Tayeb, doyen des artistes témouchentois, a rendu l'âme après trois de comas, suite à un accident domestique. La voix de ténor aura vibré pour la dernière fois lors de la semaine culturelle de Témouchent sur l'esplanade de Riadh El Feth, dans le cadre de la manifestation Alger capitale de la culture arabe. Là, très applaudi avec l'orchestre de wilaya, il a donné à écouter un répertoire que les moins de cinquante ne pouvaient connaître. Avec sa gestuelle de scène des chanteurs d'antan, mais avec une voix toujours intacte, il donna à entendre du Asri des années 50 et 60 qu'il interprétait. Egalement chanteur d'andalous, de chaâbi et de maghribi, il avait été du premier orchestre témouchentois, fondé dans les années 1940 par Cheikh Mostefa Bouteflika. Notre confrère Saïd Mouas dans son « Aïn Témouchent à la rencontre du feu sacré », rappelle que le débutant Attar Tayeb avait alors 15 ans. Au début des années 1950, cheikh Tayeb fortifia sa renommée naissante par un 1er prix décroché à Sidi Bel Abbès pour son interprétation de « Nougoum el leïl » de Farid El Atrache. Pour la petite histoire, dans l'orchestre qui l'accompagnait figurait une future grosse pointure du Asri, Blaoui Houari en l'occurrence. Le rossignol qu'il fut n'a jamais remisé ses instruments, ni songé à une quelconque retraite, à l'affût de toute virée artistique à travers la région où ailleurs. Adieu l'artiste.