Près de 400 avocats américains bataillent, bénévolement, pour que les détenus du Guantanamo puissent avoir un procès juste. Leur combat s'inscrit à contre-courant de la politique américaine actuelle. La tâche n'est guère aisée d'autant que l'administration américaine multiplie les embûches, les brimades et les vexations. L'île-prison de Guantanamo Bay est sortie de l'anonymat depuis que le gouvernement Bush a choisi d'y incarcérer les personnes suspectées d'avoir des accointances avec le groupe Al Qaïda. Ce choix ne doit rien au hasard. L'administration américaine semble avoir bien examiné la question avant de transférer les premiers détenus. Me Joshua Colangelo-Bryan, avocat new-yorkais représentant six détenus bahreïnis à Guantanamo, explique que la difficulté qu'il a rencontrée réside dans le fait que ces prisonniers ne séjournent pas dans un territoire américain. Les citoyens et les différents Etats fédéraux n'avaient pas, de ce fait, leur mot à dire. Un groupe d'avocats a porté plainte. En vain. Dès lors qu'il ne s'agit pas de prisonniers américains, les tribunaux américains n'ont aucune prérogative. Opiniâtres, les avocats américains ont saisi la Cour suprême. L'un des juges a réussi à trouver une brèche dans la législation. Il se trouve, en effet, que des animaux (les iguanes) habitant sur le même territoire sont protégés par la législation américaine. « L'on s'est interrogé sur la raison pour laquelle des animaux sont protégés par les lois et non pas les humains », affirme Me Colangelo-Bryan. Trois ans plus tard, un certain nombre d'avocats a saisi l'affaire. Une juge américaine a décidé que tous les détenus doivent connaître la raison de leur détention. Les avocats n'ont pas eu le temps de crier victoire que le Congrès américain a légiféré une loi qui anéantit ces efforts. La loi en question limite l'intervention des avocats américains sur la base de Cuba. « C'est quelque chose qui est en contradiction avec la Constitution américaine », s'insurge Me Colangelo-Bryan.