Il est un phénomène qui semble prendre une ampleur inquiétante, selon certaines sources, et qui serait à l'origine des nombreux enfants abandonnés à leur sort, qui vont grossir le nombre des pensionnaires de l'assistance publique. Il est question de mariage conclu à la faveur de la « fatiha ». Ce qui n'est, en fait, qu'un subterfuge - il faut l'appeler par son nom - utilisé par certains individus malhonnêtes pour avoir une concubine dont ils pourraient se délester à tout moment, sans risquer de se voir traîner devant les tribunaux et se trouver contraints au paiement d'une pension alimentaire, au « sadaq », ni autres tracasseries liées à la responsabilité d'une éventuelle progéniture qui pourrait s'avérer coûteuse à élever. Au regard de la loi en vigueur, l'enfant né d'une union réalisée par la simple « fatiha » est considéré comme étant illégitime, comme s'il a été mis au monde par une mère célibataire. Si bien que de très nombreuses femmes étaient persuadées qu'elles étaient mariées officiellement, jusqu'au jour où elles ont été abandonnées. Aucune valeur juridique Selon des sources proches de la direction des Affaires Sociales, basées sur une étude dans le domaine, entre 25 et 30% des mères célibataires qui se sont senties obligées de se séparer de leurs enfants, sont des victimes de la « fatiha ». La confiance aveugle a conduit de nombreuses familles à accorder la main de leur fille, persuadées que la lecture de la « fatiha » et les quelques versets du Coran, psalmodiés par un taleb, suffisaient. Or, vis-à-vis de l'administration, cette cérémonie religieuse, incontournable au sein de notre société, n'a aucune valeur juridique. Ce n'est qu'une forme de concubinage recouvert de religiosité visant à « légaliser », d'une certaine manière, l'union homme-femme aux yeux de la société. Si cette forme de mariage est parfaitement valable sur le plan religieux, elle n'exclut aucunement l'enregistrement officiel du mariage chez le Cadi ou à la mairie. Ce n'est qu'après avoir fait enregistrer l'union des époux, en présence de témoins des deux parties, que la « fatiha » pourrait prendre toute sa signification, car indispensable avant la consommation du mariage. Malheureusement, en 2007, et à Oran, beaucoup de jeunes femmes se laissent encore conter fleurette et se retrouvent mère, sans pouvoir donner le nom du père de son nouveau-né. Un père qui serait peut-être en train de contracter un autre « mariage », avec une autre victime, un autre taleb, dans une autre ville...