Désormais, depuis que le mouvement islamiste Hamas a achevé, le 15 juin, par la force, sa mainmise sur la bande de Ghaza, c'est le divorce entre cette partie des territoires palestiniens et la cisjordanie, où le président Mahmoud Abbas a désigné un gouvernement de crise censé diriger l'ensemble des territoires. Aujourd'hui, les palestiniens ont deux gouvernements, l'un, « hamasaoui », qui refuse d'appliquer les ordres du Président, lequel a démis de ses fonctions son premier ministre, Ismaïl Haniyeh, haute figure du Hamas. considéré comme rebelle par la Présidence, ce gouvernement, composé seulement de quatre ministres, en plus de Haniyeh, gouverne actuellement une très grande prison, une enclave nommée la bande de Ghaza, dont les clefs sont détenus par Israël. L'autre, un gouvernement de crise, à Ramallah, en Cisjordanie occupée, désigné par le président palestinien Mahmoud Abbas, souhaite diriger de cet endroit l'ensemble des territoires palestiniens, mais qui en réalité n'a aucune influence sur la bande de Ghaza. cette décision a été approuvée par le conseil central de l'OLP, réuni mercredi et jeudi à Ramallah, sous la présidence de Abbas. Dans un discours prononcé mercredi devant cette instance, la plus haute, après le conseil national palestinien, le président Abbas a écarté toute éventualité de dialogue avec le mouvement islamiste Hamas. « Pas de dialogue avec les putschistes, les meurtriers et les terroristes », a lancé le Président. « Notre objectif principal est d'empêcher que le chaos ne se propage à la Cisjordanie », a-t-il dit. Accusant des « éléments régionaux », qu'il n'a pas nommés, d'avoir participé à la prise de contrôle de la bande de Ghaza par le Hamas, il a affirmé que ce dernier souhaitait instaurer un « émirat » dans les territoires palestiniens. « Il s'agit d'un plan pour diviser Ghaza et la Cisjordanie et établir un émirat, un mini-Etat, contrôlé par un seul groupe, ses fanatiques et ses fondamentalistes », a affirmé Abbas. « Il s'agissait d'un plan prémédité sur lequel se sont mis d'accord les dirigeants du Hamas à Ghaza et à l'étranger, avec des éléments régionaux. » Abbas, dont c'est le premier discours depuis la prise de contrôle de Ghaza par le Hamas, a aussi accusé les islamistes d'avoir fait échouer le dialogue pour parvenir à un règlement de la crise interpalestinienne.« J'ai mis en œuvre des moyens considérables, y compris la poursuite du dialogue, avant et après les accords de La Mecque, avec patience et tolérance, afin de régler les problèmes intérieurs et éviter une guerre civile, un bain de sang, et progresser sur la voie de la démocratie », a-t-il poursuivi. Il a affirmé que le Hamas avait tenté de l'assassiner. « J'ai reçu des informations en provenance de Ghaza selon lesquelles ils voulaient m'assassiner », a déclaré Abbas. la Présidence a fait circuler un enregistrement vidéo, montrant des hommes portant l'emblème du Hamas préparer une grosse bombe dans un tunnel, creusé sous la rue Salah Eddine, empruntée par le président lors de ses déplacements à Ghaza. Le hamas a nié en bloc les affirmations du Président et lui a fait porter la responsabilité des événements sanglants de la bande de Ghaza où les tirs et les explosions ne sont plus audibles, car sur le terrain, les hommes du Hamas contrôlent d'une main de fer les rues, les quartiers, les sites et les bureaux relevant de l'autorité palestinienne. Aucune présence même insignifiante ou symbolique des anciens services sécuritaires n'est plus visible dans la bande de Ghaza. Des dizaines de milliers d'éléments appartenant aux services sécuritaires sont restés terrés chez eux avec la peur au ventre. Le Hamas, qui possède un service de renseignement très efficace, a ramassé toutes les armes qu'ils détenaient, même dans leurs maisons. Les scènes de lynchage, telle celle de Samih El Madhoun, un chef des brigades des martyrs d'Al Aqsa, la branche militaire du Fatah, défait militairement, ne se sont plus reproduites. Des informations d'exécution de certains éléments du Fatah, que le hamas accuse d'appartenir à ce qu'il qualifie de courant corrompu dans ce mouvement nationaliste, ont continué pendant les deux jours qui ont succédé la déclaration par le mouvement islamiste de son total contrôle sur la bande de Ghaza. Mais la majorité des éléments du fatah et des services sécuritaires détenus au cours et après les événements sanglants ont pu rejoindre leurs familles sains et saufs, suite à la décision de grâce générale lancée par le commandement du mouvement islamiste. en fait, la situation actuelle est telle que la bande de Ghaza se voit plus isolée que jamais du monde extérieur. La communauté internationale, dans son ensemble, soutient le président Mahmoud Abbas et son nouveau gouvernement. Près d'un million et demi de palestiniens habitant la bande de Ghaza, qui n'ont rien à voir avec les derniers événements, vivent sous la menace d'une grave crise humanitaire.