En tout, le Mali a connu trois soulèvements touareg qui ont pour principal mobile des revendications sociopolitiques et identitaires. Les Touareg se sont sentis longtemps exclus du pouvoir, et ce, dans une société multiethnique à dominante bambara. Le premier soulèvement a eu lieu peu après l'indépendance du Mali. C'était en 1963. La révolte sera réprimée dans le sang par les troupes de Modibo Keita. La seconde insurrection éclate en juin 1990 par le Mouvement populaire de l'Azawad (MPA) dirigé par Iyad Ag Ghali. Le conflit connaît un règlement politique à travers les accords de Tamanrasset des 5 et 6 janvier 1991. En mars 1991, Moussa Traoré est renversé par Amadou Toumani Traoré (dit ATT), lieutenant-colonel et chef des commandos de parachutistes. Le 11 avril 1992, un pacte national est signé entre le gouvernement malien et les Mouvements et fronts unifiés de l'Azawad (MFUA). Le 27 mars 1996, une cérémonie symbolique, la « flamme de la paix », est organisée à Tombouctou au cours de laquelle les insurgés des MFUA ont déposé leurs armes. Une paix fragile voit le jour. En décembre 2001, Ibrahim Ag Bahanga, l'un des ex-rebelles touareg, prend en otage une dizaine de militaires dont un officier pour exiger d'ériger son village en commune. L'affaire est réglée grâce à la médiation de l'ambassadeur d'Algérie, Abdelkrim Ghreïb. Le 23 mai 2006, le lieutenant-colonel Hassan Fagaga, à la tête d'une poignée de soldats déserteurs, lance une attaque contre deux cantonnements militaires près de Kidal. Cette attaque annonce la troisième rébellion armée touareg. Les assaillants se cantonnent dans les maquis rocailleux de Tigharghar, lieu de repli traditionnel des rebelles touareg. Iyad Ag Ghali se joint au maquis et crée, avec Hassan Fagaga, Ibrahim Bahanga et un autre chef politique, Amada Ag Bibi, l'Alliance démocratique du 23 mai pour le changement (ADC) qui sera l'aile politique de la rébellion. C'est en son nom que vont être menées les négociations avec ATT qui vont déboucher sur les accords d'Alger du 4 juillet 2006. Près d'un an après la double attaque de Kidal et de Ménaka, Ibrahim Bahanga déserte une nouvelle fois le camp de la paix et lance une attaque contre un poste militaire à Tinzaouatine. C'était le 11 mai dernier.