Face au désarroi de la pêche, la question qui est sur toutes les lèvres est de savoir où sont passées les énormes réserves que tous les responsables du secteur de la pêche n'auront cessé de claironner sur tous les toits, depuis 20 années ? Après quelques années de partenariat, notamment avec des armateurs espagnols, on verra arriver, grâce à la bénédiction des responsables concernés, un bateau battant pavillon ibérique qui se déclarera disposé à effectuer gratuitement une expertise des nos ressources halieutiques. De toutes parts s'élèveront alors des voix pour stigmatiser la profession à laquelle il était reproché de ne pas être en mesure de capturer ce trésor vivant qui mourrait de vieillesse. Après plusieurs années d'un partenariat à sens unique, on s'aperçoit que les réserves ne sont plus là. La question qui brûle toutes les lèvres est de savoir si réellement elles ont un jour existé ? Si c'est le cas, il faudra alors expliquer ce qu'elles sont devenues. Les partenaires espagnols nous auraient-ils menti à dessein ? Dans le cas où ces réserves étaient bien réelles, elles auraient profité doublement à l'Espagne. Une fois en permettant aux chantiers navals ibériques de s'ouvrir au marché algérien, en y écoulant des bateaux à des prix qui pourrait ne pas refléter la réalité du marché- dont les qualités intrinsèques sont loin de faire l'unanimité chez leurs utilisateurs, qui n'en sont pas toujours les propriétaires. Après plus de dix années de rapine, on constate que nos réserves arrivent à leurs limites. Si sur le marché local, la crevette de premier choix atteint facilement les 2 000 DA le Kg, le même crustacé est vendu sur les étals espagnols entre 60 et 100 euros. Sur ces prix faramineux, combien son déclarés au fisc en Algérie ? De son vivant, feu Hassan II avait refusé de renouveler l'accord de pêche signé avec son pays. Le Maroc ne renouvellera l'accord qu'à la condition que toutes les captures soient conditionnées dans les ports marocains. Alors, à quand un moratoire sur la crevette, en attendant qu'une sage et raisonnable décision vienne remettre de l'ordre afin de protéger ce qui peut l'être encore de cette ressource si vulnérable ? Au moment où la rencontre avec nos interlocuteurs touchait à sa fin, un armateur abordera la lancinante question du prix du gasoil. Si pour les armateurs nationaux cette énergie constitue un véritable handicap qui pourrait complètement déstabiliser la profession, il n'en est pas de même pour les navires espagnols. En effet, avec deux rotations mensuelles, des réservoirs dont la contenance se situe entre 30 000 et 40 000 litres, selon la taille du navire, rien n'interdit ces bateaux de remplir à bas prix leurs réservoirs dans un port algérien et d'aller le revendre en Espagne au prix coûtant. Sachant qu'un aller-retour ne consomme pas plus de 3 000 litres, il est aisé de constater qu'à côté, les frontaliers qui alimentent ce trafic avec le Maroc ne sont que de vulgaires amateurs.