La température s'annonce au-dessus des 30 degrés en cette journée chaude. Une journée de plage pour les visiteurs de Boukhelifa qui en compte quatre, sur un littoral de 7 km. Après la plage d'El Maghra se décline PK10, une plage paradisiaque, malheureusement non autorisée à la baignade faute d'un poste de secours. Elle pourrait cependant faire partie des quatre plages à rouvrir à la baignade durant cet été. Plus loin, c'est la plage du Club hippique, autrefois destination préférée de milliers d'estivants, notamment des émigrés. Aujourd'hui, à voir tous ces travaux de démolition entamés la veille de la saison estivale, elle risque de ne pas enregistrer le rush d'autrefois, quand les lieux invitaient à un séjour paisible. El Maghra, Acherchour, El Djabia et Club hippique sont toutes des plages longeant la RN9. Toutefois, elles n'ont pas toutes les commodités pouvant garantir un bon séjour. A Acherchour, des immondices sont jetées à même la rue qui mène vers la plage. Les accès, non bitumés, sont à la limite du praticable. Le réaménagement et la sécurisation des plages font aussi défaut. Toutes ces plages n'ont pourtant rien perdu de leur charme. La plupart connaissent chaque été un grand rush. Il est même parfois difficile de se faire une place pour y implanter son parasol. « Ici, à El Maghra et à Acherchour, il faut venir tôt pour réserver une place », nous confie un baigneur venu de Sétif. Durant le week-end, l'on ne sait pas où mettre les pieds. Les enfants préfèrent courir dans tous les sens et barboter dans l'eau sous l'œil vigilant de leurs parents et des maîtres-nageurs. Ceci, pendant que les mordus de la lecture lisent les journaux et d'autres s'adonnent aux jeux d'échecs, scrabbles ou au jeu de ballon. Certaines personnes d'un certain âge préfèrent, elles, les cafétérias du coin. « Pour moi, prendre un café vaut mieux qu'une baignade. Le fait de regarder les vagues est un régal pour les yeux », témoigne un quinquagénaire émigré, rentré récemment pour passer ses vacances à Béjaïa. Détente des uns, boulot des autres. Si certains trouvent sur ces plages leur lieu de prédilection où ils peuvent se prélasser en fuyant la monotonie quotidienne et les soucis socioprofessionnels, d'autres y « arrachent » leur…gagne-pain. Le visiteur remarquera à coup sûr ces enfants issus de milieux défavorisés, âgés entre 10 et 16 ans, traînant les pieds sur le sable et proposant, à longueur de journée, du tabac, du café et des friandises, en espérant gagner quelques pièces de monnaie. Ils sont nombreux à exercer ces petits métiers d'été, à l'instar de Hassan, âgé d'à peine 10 ans, qui a quitté prématurément les bancs de l'école pour s'adonner forcément à de petits métiers, peu rentables et pénibles. S'il y a un « métier » connu en été autant que la location de parking de plages, c'est sans nul doute celui de la location de parasols et de la vente de tabac. Avec un regard pétillant, le petit Yacine nous confie : « Ce petit job (vente de tabac) me permet de subvenir aux besoins de ma famille car mon père est inactif. Le reste de l'argent que je pourrais avoir, je le garderai pour les besoins de la rentrée scolaire. » Un avis que partage son camarade Salim, un collégien de 14 ans qui avoue exercer ce boulot depuis quatre ans. Ses revenus lui servent pour l'achat, à chaque rentrée scolaire, d'articles et fournitures scolaires, et de vêtements. D'autres chérubins, plus « chanceux », ont déniché un autre job : la location des parasols. Là aussi, les rentrées sont moyennes si l'on sait que la plupart des baigneurs viennent avec leurs propres parasols. Khellaf, étudiant et propriétaire d'une dizaine de parasols à Acherchour, estime que le prix de location qui s'élève à 200 DA est justifié vu les droits dont il s'est acquittés auprès de l'APC pour se faire délivrer une autorisation d'exercer cette activité.