Il est l'un des premiers musiciens à avoir contribué à la sauvegarde de notre patrimoine musical classique, dit «andalou». A l'occasion de l'anniversaire du centenaire de la mort de l'artiste algérien Mohamed Sfindja, un concert. En son hommage est prévu demain à 20h30 à salle Ibn Zeydoun de Riad El Feth avec les écoles de musique andalouse El Fen El Açil (Koléa), El Anadil (Chéraga) et El Fekhardjia (Alger), sous la direction de M.Ahmed Serri, l'un des derniers maîtres musiciens qui prépare activement cet événement d'autant plus que Mohamed Benali Sfindja est considéré comme son père spirituel puisque son professeur, le regretté, Abderrezak Fekhardji, a été l'élève de Mohamed Bentefahi qui lui-même a été le disciple de Sfindja. Notons que le concert en hommage à Sfindja qui sera donné par un ensemble musical constitué par trois orchestres, interprétera un pot-pourri des diverses pièces musicales dont les plus belles Inqilabate et Insirafate du mode dil. La deuxième partie de la soirée sera rehaussée par le professeur Ahmed Serri qui chantera une nouba h'cin dont le fameux derdj intitulé Dharabetni bi khandjari mouqlateyha (Elle m'a rossé avec la dague de ses yeux). Pour plus de détails, une conférence de presse réunissant les mélomanes de la musique andalouse, à leur tête Ahmed Serri, ont animé, jeudi matin à la salle Frantz-Fanon une conférence de presse. Une brève présentation de la vie et l'oeuvre d'Ahmed Sfindja a été donnée par Abdelhakim Méziani. Ainsi, nous apprend-on, né à Alger, au XIXe siècle, Mohamed Ben Ali Sfindja a été l'élève du maître Abderrahmane Menemèche. Initié à l'art de la çanaâ d'Alger, cet instrumentise de la kouitra excella dans la musique arabo-andalouse et les genres musicaux dérivés. Selon ce qui se raconte dans les cercles les plus érudits, Sfindja était doté d'une voix exceptionnelle et d'une prodigieuse mémoire. Les grands maîtres de l'Ecole d'Alger, se revendiquent tous de ce maître dont le mérite aura été aussi d'avoir permis la publication du recueil des Noubate de Edmond Yafil, israélite lettré et fin mélomane. Sfindja forma également plusieurs musiciens qui deviendront plus tard des monuments musicaux. Des relations étroites existaient, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, entre les quessadine et les milieux artistiques de la capitale représentés par Mohamed Sfindja. Le grand chantre de la musique classique algéroise se joignait souvent aux moudjaouidine, notamment à l'occasion de manifestations religieuses, pour leur apporter le concours de sa voix. Une voix que Mahieddine Bachetarzi eut le privilège de redécouvrir au mausolée de Sidi Ouali Dada, après l'avoir écoutée pour la première fois à l'âge de douze ans, lors d'une soirée familiale, à Djenane Bensemane près de Tixeraïne, dans le fahs d'Alger, non loin de ce qui est aujourd'hui la Parc d'attractions. Une soirée musicale que le grand maître a animée avec, à ses côtés, Maâlem Mouzino, jouant alternativement du ribab et de l'alto, cheikh Echerif au tambourin, Maâlem Laho Serror à la kouitra et Shalom à la mandoline. Ahmed Sfindja a été parmi ces rares musiciens bien avant Ahmed Serri à s'intéresser à la transcription du fond musical andalou, comme l'a souligné à juste titre notre musicien, professeur et interprète de musique andalouse. Cordonnier de son état, Sfindja a laissé pour la postérité plusieurs enregistrements et autres recueils chantés que le Crasc d'Oran a réédités par le truchement du chercheur Ahmed Amine Dellaï. Il faut souligner qu'une bonne partie de la transcription de ce legs musical, est l'oeuvre de Mohamed Sfindja et du musicologue Jules Rouanet. Ce dernier était chargé de se documenter sur la musique arabe aux fins d'éditer une grande encyclopédie de musique. Après le décès de Mohamed Sfindja, le 30 juin 1908, une guéguerre opposa, par répliques interposées dans la presse, Edmond Yafil à Jules Rouanet sur la paternité de la transcription.