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L'ambassadeur de la Fédération de Russie à Alger revient sur la coopération militaire avec l'Algérie « D'autres contrats d'un niveau élevé sont à prévoir »
Les échanges politiques entre la Russie et l'Algérie semblent harmonieux. Ils ne subissent pas les contraintes des bouleversements qui se sont produits sur le plan international. Comment voyez-vous l'évolution de ces échanges ? Mon pays et l'Algérie entretiennent depuis plus d'un demi-siècle des liens spécifiques, issus du profond respect mutuel, de l'entraide et de la coopération multiforme avantageuse et des intérêts réels dans un monde de plus en plus concurrentiel. Une fois terminée la pause des années 1990, délicate pour les deux peuples, une page nouvelle s'est ouverte à partir de 2001. Dans le domaine politique, le fil conducteur, et caractéristique primaire de nos relations, est le partenariat stratégique décidé par les présidents Poutine et Bouteflika, lors des visites d'Etat en 2001, confirmé en 2006, respectivement à Moscou et à Alger. Les deux chefs d'Etat ont convenu des domaines de coopération privilégiés, déjà concrétisée par les accords spécifiques signés par les responsables des grands secteurs : finances et économie, énergie, domaines sécuritaires et de défense. Une nouvelle dynamique s'est mise en route. Etes-vous satisfaits du niveau de la coopération économique entre l'Algérie et la Russie ? Quels sont les points faibles à surmonter ? Le commerce entre les deux pays a dépassé le volume de 640 millions de dollars en 2006. C'est mieux que les années précédentes. Mais on peut faire plus, vu le potentiel des deux pays. Peu à peu, les structures et mécanismes tels que la grande commission mixte, le conseil de business russo-arabe et russo-algérien se mettent en place, donnant plus d'accès aux hommes et femmes d'affaires russes et algériens à nos marchés respectifs. Il est de notre devoir de faciliter surtout la tâche aux petites et moyennes entreprises qui n'ont pas les mêmes ressources que des géants tels que Rosneft, Lukoil, Gazprom ou Sonatrach. Il est à noter que les industriels algériens sont pratiquement absents du marché russe, contrairement à leurs homologues d'Egypte, du Maroc ou de Tunisie par exemple. La Russie et l'Algérie ont signé des accords stratégiques en matière de coopération énergétique. Quelle en est la finalité, d'autant plus que l'Union européenne perçoit le projet avec méfiance ? La dialogue énergétique et son approfondissement sont essentiels pour les deux pays qui occupent une place de choix en tant que producteurs et exportateurs importants des hydrocarbures au niveau mondial et sur le marché européen. Nos présidents ont élaboré une approche commune, concrétisée par les visites à Moscou de M. Khelil en 2006 et M. Khristenko début 2007, tous deux responsables du secteur en question. Les opérateurs économiques Gazprom, Lukoil et Sonatrach ont approuvé les volets concrets de leur interaction. Il est d'intérêt commun de coordonner les efforts pour une meilleure pénétration sur les marchés du pétrole et du gaz, y compris en Europe, de défendre de concert et en concertant les intérêts de producteurs, en tenant compte de ceux des consommateurs. La sécurité énergétique est au centre des préoccupations du G8. Après la conférence internationale sur le gaz à Doha en avril 2007, ce thème a réuni, en juin à Moscou, les responsables du secteur. L'Algérie a participé, le 1er juin à Paris, à une réunion importante sur l'énergie et le développement durable, organisée par l'Unesco et le ministère de l'Energie russe. M. Khelil est invité à Moscou pour une autre importante réunion du dialogue énergétique en octobre 2007, organisée par la chambre de commerce russe et qui sera présidée par M. Primakov, ancien Premier ministre de la Russie. Le dialogue énergétique se déroule d'une façon transparente, tenant compte des préoccupations légitimes des producteurs, investisseurs et consommateurs. Il est dit que l'Algérie est un marché émergent au Maghreb. Quels sont les produits ou services que la Russie peut développer ou promouvoir ? Vu le développement rapide des capacités de l'industrie, du secteur des services, de ses capacités d'investissements, du secteur touristique et autres, la Russie a toute une gamme de produits et prestations à proposer : des véhicules de grandes marques russes et étrangères (Lada, Renault, Ford, Toyota...), des avions de transport lourds et des satellites de communication. La participation des sociétés russes aux grands chantiers, tels que la production de l'électricité, la construction des gazoducs, des lignes de chemins de fer, etc. Les sociétés russes sont déjà présentes sur le marché algérien en développement rapide. Mais cette présence peut se renforcer davantage, vu la volonté de l'Algérie de moderniser rapidement le pays et ses infrastructures. L'Algérie et la Russie ont conclu l'année dernière un important contrat d'armement. C'est le plus gros jamais réalisé avec un pays arabe et africain. Est-ce le signe d'une coopération appelée à être plus intense à l'avenir dans les domaines de la défense et de sécurité ? La coopération bilatérale dans les domaines essentiels de défense et de sécurité est une tradition de longue date entre l'Algérie et la Russie. Le chef de l'état-major de la Russie, le général Balouyevsky, a visité Alger fin 2006. Il est à prévoir d'autres contrats d'un niveau élevé dans un proche avenir. La situation mondiale et les impératifs d'une réponse efficace à des défis du nouveau siècle nécessitent une modernisation rapide des instruments et moyens de la défense. La Russie est là pour apporter son soutien à l'Algérie, pays ami. Le partenariat stratégique a son mot à dire. A souligner qu'il s'agit d'un domaine de souveraineté nationale où chaque Etat a le droit et devoir absolu de sauvegarder sa sécurité et son indépendance. Contrairement à la Chine, aux Etats-Unis ou à l'Union européenne, la Russie n'est plus très présente en Afrique. Est-ce à dire que le continent ne l'intéresse plus ? Je me permets de m'opposer à cette vision quelque peu dépassée. Il est vrai qu'au cours des années 1990, la présence de la Fédération de Russie en Afrique a diminué. C'est un fait. Occupés par les transformations rapides des institutions, les réformes du marché intérieur, le gouvernement, nos opérateurs économiques ont été plus préoccupés par le cadre interne, la modernisation du pays. Une fois « la verticale étatique » reconstruite et les moyens adaptés aux impératifs de l'heure, la Russie a repris ses contacts appuyés avec le continent. En atteste le message du président Poutine au président Bouteflika à l'occasion de la journée de l'Afrique où il indique que « ces derniers temps, les rapports entre la Russie et l'Afrique prennent une nouvelle dynamique. Les contacts se multiplient et ont lieu au plus haut niveau. Les travaux systématiques sont en cours pour élargir et approfondir la coopération mutuellement avantageuse dans les domaines commercial, économique, scientifique, technique, humanitaire et autres ». Et au président de continuer : « Je suis certain que le partenariat russo-africain, approuvé par le temps, se poursuit en s'intensifiant. Toutes les conditions nécessaires existent pour cela. » Le président de Russie a multiplié ses contacts avec les dirigeants africains : après le premier accord sur le partenariat stratégique avec l'Algérie en 2001, il a effectué plusieurs visites. La Russie est une des premiers à effacer les dettes des pays les plus pauvres, d'apporter son soutien à travers la coopération avec l'Union africaine, le nouveau partenariat (Nepad), les instances telles que le G8 et au niveau bilatéral, tout en soutenant les efforts des pays africains en vue de transformer leur continent en un espace de sécurité, de stabilité et de développement durable. Les grands opérateurs économiques russes sont de plus en plus présents sur le continent avec les projets importants dans les hydrocarbures, le secteur minier et industriel et bien d'autres domaines. Fayçal Métaoui, Zine Cherfaoui