Hier, le deuil était dans et autour du Palais de la culture et des arts de Annaba. Ce même jour, soit 15 années après le drame de 1992, Mohamed Boudiaf, président du Haut conseil de l'Etat (HCE) un des plus grands révolutionnaires pour l'indépendance de l'Algérie, y avait été assassiné. Son assassin, tout de bleu vêtu, l'avait lâchement abattu dans le dos d'une rafale de pistolet automatique. Ce mois de juin 2007 à Annaba, sur l'esplanade qui porte son nom, ces 15 années ont été passées au révélateur en quelques minutes. Dans le groupe des fidèles et d'amis venus déposer des gerbes de fleurs à la mémoire de Mohamed Boudiaf, ont apparu en filigrane les ambitions de celui sollicité pour sauver l'Algérie. Ils étaient aussi venus se rappeler l'espérance de ce grand homme et les efforts qu'il a consentis pour une Algérie meilleure. Ce 29 juin 1992, Mohamed Boudiaf était à Annaba pour inaugurer le Salon de la microentreprise et de l'emploi des jeunes. Ces mêmes jeunes effacés par l'ingratitude historique de ceux à l'origine du 5 octobre 1988. Ce 29 juin 2007, seules les gerbes de fleurs déposées 48 heures avant étaient encore là sous la stèle du grand homme. Même si Fatiha Boudiaf, la veuve du défunt président du HCE, n'a pas fait le déplacement, les fidèles à la mémoire de Mohamed Boudiaf, regroupés dans la fondation du même nom, avaient tenu à être présents. Encore rêveurs, ils ont discuté de la démarche sensée de Tayeb El Watani. Ils s'étaient remémorés sa volonté de former avec tous les Algériens, une Algérie forte. Ils ont parlé du désenchantement qui a suivi son assassinat, de la République improvisée, de la dévaluation du nationalisme dans l'inconscient national, des ratages démocratiques et socioéconomiques. Tout a été emballé à la pompe des obsèques qui avaient un point d'orgue à quelques mois d'énergies, de sacrifices et de certitudes sous la gestion de Mohamed Boudiaf. Ce vendredi 29 juin 2007 à Annaba, la fatiha avait été récitée 48 heures avant à la mémoire du défunt. Anciens hauts cadres, cadres, hommes de droit et de culture, universitaires et journalistes ont parlé de l'incapacité politique du pouvoir actuel à laisser s'exprimer la démocratie pour une réelle efficacité économique. L'Algérie de l'espérance, telle que souhaitée par Mohamed Boudiaf, n'est plus, aujourd'hui, que l'enfer des bidonvilles et des villes et villages transformés en coupe-gorges.