Avec Dari ouahdi, Medjehri Lahbib a eu la main bien plus heureuse dans le choix d'un texte à mettre en scène pour un théâtre sans prétention autre que celle de divertir un public témouchentois avide d'un bon moment de franche rigolade. Il a été également bien servi par un couple de comédiens dont la complicité sur scène et dans la vie leur a fourni matière à inspiration pour donner vie à une scène de ménage qui dure le temps du spectacle et que vient détendre quelques moments de tendresse. Plutôt proche d'une comédie de caractère et du comique de mots, elle ne puise ses ressorts ni dans la satire sociale ni dans une critique de mœurs. Et parce que langagière de bout en bout, elle ne pouvait passer la rampe par nul autre artifice scénique que le métier d'interprètes aguerris. En ce sens, en Nouar Baya et Dine Hanani Jahid campant Kenza et Arezki, Dari ouahdi a bénéficié de deux acteurs inspirés même si l'auteur a mieux servi le personnage masculin que sa partenaire. Le prétexte est simple : un couple paie son inconséquence pour avoir quitté l'étouffant cocon de la demeure familiale, celle de l'époux. Celui-ci a également joué de malchance pour avoir demandé à profiter de ses droits au départ volontaire d'une entreprise publique. Le couple se trouve alors dans une situation financière et sociale critique. Ali Nacer, l'auteur, a aligné de succulentes réparties mais son texte n'est pas toujours en verve alors que les transitions entre les phases d'équilibre et de déséquilibre sont mal négociées. Jahid, actuellement l'un des plus talentueux comédiens algériens, a su compenser les faiblesses de Dari ouahdi. Il joue de tous ses moyens, n'hésitant pas à s'aventurer dans l'improvisation au point qu'à un moment il déstabilisa Baya qui partit dans un irrésistible fou rire. Et lui, impitoyablement, mais très professionnellement, en rajouta, versant dans un plaisant cabotinage. Dari ouahdi ? A voir pour la détente et pour ses interprètes. Rien de plus.