Ce qui était une conviction pour toute l'opinion publique et un soupçon pour les services de police a fini par être reconnu timidement par ces derniers. Le petit Yacine Bouchlouh a bel et bien été kidnappé puis assassiné. C'est ce qu'a affirmé hier le chef de la sûreté de wilaya d'Alger, Abdelmoumen Abderabi, en marge de la sortie de la 7e promotion d'agents de l'ordre public de l'école de police de Kouba, à Alger. Le corps en décomposition du petit Yacine a été retrouvé 55 jours après son enlèvement grâce à un chien renifleur appartenant à un ancien agent de la Protection civile. Seulement quatre heures de recherche ont suffi au chien pour retrouver le corps de Yacine, gisant au fond d'un puits à quelques centaines de mètres du lieu de son rapt, à Bab Ezzouar. Ce que les policiers n'ont pu faire durant presque deux mois. Le divisionnaire d'Alger, comme pour rassurer les familles de la victime, a indiqué que « l'assassin sera punit tôt ou tard ». Pour lui, ses services n'ont accusé aucun retard dans la gestion de cette tragédie. Bien au contraire, souligne-t-il, ils « ont fourni de grands efforts », notamment à l'intérieur du pays, pour retrouver l'enfant. Cependant, ce dernier n'était qu'à trois cents mètres de sa famille. Le divisionnaire tente d'expliquer l'inertie des policiers par le fait que ces derniers « ne possèdent pas pour le moment des chiens renifleurs de corps humains, mais plutôt des chiens renifleurs de drogues et d'explosifs ». Le chef de la sûreté de wilaya appréhende, par ailleurs, la maîtrise, par la police, de la petite criminalité, telle que le vol, au moment, précise-t-il, où la grande criminalité est contrôlée à 100%. Dans quelle catégorie va-t-on classer l'affaire du petit Yacine ? La grande ou la petite criminalité ? Dans les deux cas, sa vie aurait pu être sauvée si la réaction des services de police était plus rapide. Le divisionnaire estime que la petite criminalité est l'une des raisons qui font que la capitale sera renforcée par 5000 autres policiers et qu'elle puisse atteindre les 2000 dans quelques années. Il est prévu également l'installation prochaine de 300 caméras de surveillance à des endroits déjà choisis par une commission spécialisée et dont le nombre « est appelé à être revu à la hausse ou à la baisse, en fonction des moyens financiers alloués à cet effet », selon le divisionnaire. Pour sa part, le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Ali Tounsi, affirme, en marge toujours de cette sortie de promotion, que le projet de statut particulier de la police est actuellement au niveau de l'Assemblée populaire nationale (APN). S'abstenant de faire état du moindre détail, le directeur général de la DGSN note juste qu'il est en « bonne voie ». Selon lui, le nouveau texte, qui s'inspire des missions très lourdes et importantes du corps de la police, exigera beaucoup de sacrifices, de contraintes et de servitude du policier, et en même temps va renforcer la police pour la rapprocher davantage du citoyen afin de rentabiliser la lutte contre les différentes formes de criminalité.