L'ISMAL est l'Institut national supérieur de formation et de recherche dans les domaines de l'océanographie, de l'aménagement et de la gestion du littoral. Le docteur en géomorphologie, Belkessa Rabah, porte un regard scientifique sur l'aménagement de la plage artificielle à l'est du port d'El Djemila Quelles conditions doit-on respecter pour l'aménagement d'une plage artificielle ? Sur le plan hydrodynamique, le bout de terre qui va devenir une plage est lié à plusieurs paramètres : la profondeur de l'eau de mer en face de la future plage, la longueur d'onde et la granulométrie qui existe dans la partie marine et terrestre. En quoi ces paramètres importent-ils dans la construction de la plage ? Tous ces paramètres sont liés les uns aux autres et détermineront la capacité pour la future plage à être viable à long terme et non dangereuse pour le citoyen. Par exemple, pour diminuer de l'énergie, il va falloir colmater et réduire la profondeur. Et puis, il y a un lien entre l'énergie des vagues et la granulométrie et il va donc falloir choisir les sédiments en fonction de l'énergie connue à cet endroit. En effet, si le sable est trop fin, il sera absorbé par la mer et ne servira à rien. Et ce sera de l'argent parti pour rien. De même, il va falloir étudier du degré de la pente qui va partir du fond marin jusqu'aux abords de la plage pour déterminer le sédiment à apposer. Tout doit se calculer au millimètre près et peut avoir de fâcheuses incidences. Pouvez-vous nous schématiser la construction d'une plage artificielle ? Il va donc falloir colmater la mer pour déterminer d'une certaine profondeur. Il va également falloir disposer généralement à 200 m de la plage des rochers que l'on nomme des brises-lames. Cela va diminuer de l'énergie et dégonfler les vagues. Après une étude approfondie de la probabilité de retour des vagues sur, au minimum, 5 à 10 ans, il sera déterminé la grosseur et la nature des sédiments à placer en mer et sur le rivage. Dans certaines zones, il faut des gravillons et dans d'autres du sable plus fin. A la madrague, il va certainement falloir mettre des gravillons de carrière car nous n'avons pas de gravillons de cours d'eau comme en France. D'ailleurs, ce sera plutôt des matériaux que des sédiments. L'érosion de la mer les travaillera. Cela devrait-il coûter cher ? On ne peut que faire des approximations. Si l'on pense que les brise-lames seront apposés à 200 m du rivage, que la future plage s'étalera sur 300 m de longueur et que la profondeur devrait atteindre les 3,50 m, cela veut dire qu'il va falloir disposer en mer et sur terre environ 150 000 m3 de sédiments. Soit, environ, deux stades de Cheraga avec une hauteur 1,50 m. L'amphi de l'institut ne pourrait recueillir rempli que 2100 m3. Le mètre cube d'agrégats fait actuellement 2000 DA. Des informations non concordantes parlent de ramener du sable de Zemmouri. Qu'en pensez-vous ? D'abord, il ne suffirait pas, et, ensuite, il ne conviendrait pas car, là-bas, c'est du sable de dune, donc du sable éolien. Il est trop fin.