Comme à chaque saison estivale, le sujet qui anime le gros des discussions dans la commune de Naciria, 45 km à l'est de Boumerdès, reste incontestablement le mouvement associatif. Vu la richesse des programmes et la diversité des activités organisées, cette période est connue pour être le moment fort des plans d'action de chaque association. En effet, dans cette commune, on dénombre plus de 40 associations, soit 1/4 de l'ensemble des associations que compterait la wilaya. Mais rares sont celles qui donnent signe de vie durant toute l'année, en mettant,par exemple, au profit de la population locale, de riches activités culturelles, scientifiques ou purement de divertissement. Cette situation de paralysie s'est répercutée d'autant plus négativement sur la frange des jeunes de cette municipalité qui souffre malgré des solutions palliatives des pouvoirs publics qui tentent d'apporter une solution au chômage endémique. A ce titre, les jeunes diplômés de cette région, attristés par le sort qui leur est réservé, ne pensent qu'à l'immigration et peu importe pour eux qu'elle soit légale ou illégale. Pour « tuer le temps », ils remplissent à longueur de journée les cafés et autres coins du chef-lieu de la commune. Selon des informations recueillies au sujet de la réalité que vit le mouvement associatif de cette localité, les causes et les effets sont d'autant plus divers et compliqués. En effet, de l'avis des dirigeants de l'association (AASF), créée par un groupe de jeunes universitaires ambitieux et ayant pour objectif la redynamisation de l'activité culturelle et scientifique dans la région, cela est du domaine de la politique nationale de l'emploi. Ceux-ci expliquent d'emblée ce handicap et l'inactivité, par l'existence d'une myriade de problèmes, tant financiers que matériels. Ce qui entrave leurs activités, ajoutent-ils, « c'est le manque d'infrastructures culturelles de proximité, telles qu'un cinéma, une bibliothèque communale ». En effet, aucune association ne dispose d'un local pouvant lui permettre d'accomplir parfaitement sa mission. Cet avis est partagé par un membre de l'association Nature et Ecologie et le responsable de l'association Si M'hamed . Ce dernier précise que « la maison de jeunes qui demeure fermée, était, jadis, le seul lieu de rencontres et d'échanges d'idées entre les jeunes de cette localité ». Toutefois, les travaux de réhabilitation, engagés depuis plus de trois mois par la DJS, sont toujours en cours et cela « afin de rendre la structure optimale », soutient la tutelle. Mais les jeunes estiment que ces travaux avancent lentement et leur exigence d'accélérer la cadence n'a suscité aucune réaction de la part des autorités concernées. « On a vraiment besoin d'un lieu de rencontre », lâche un membre de cette association. Il convient de signaler au passage que malgré l'existence de plus de deux associations à caractère écologique dans cette commune, l'état des espaces verts et de l'environnement est des plus déplorables. Par ailleurs, le problème le plus ardu, selon l'association Aapalej, reste les lenteurs administratives inhérentes aux subventions affectées par les pouvoirs publics. Ils ont adressé une requête à toutes les instances concernées dans laquelle ils fustigent le trésorier intercommunal de Baghlia. « Sans aucun motif valable, celui-ci ne cesse de rejeter la subvention, d'un montant de 14 millions de centimes, octroyée par l'APC à notre association par délibération du 09/09/2006 », notent-ils. Ainsi, ils dénoncent « l'abus de pouvoir » de ce responsable et demandent, à travers leur lettre à toutes les parties concernées d'y mettre fin. En dépit des ressources matérielles qui lui font grandement défaut, cette association a honoré les enfants de la région en leur organisant une kermesse à l'occasion de la Journée mondiale de l'enfant, le 1er juin dernier.Dans ce contexte, le P/APC nous dira que c'est aux associations d'aider l'APC et non pas l'inverse. « Nous n'avons pas assez de moyens pour répondre favorablement aux demandes de ces associations », explique-t-il. A ses yeux « les pouvoirs publics doivent consacrer beaucoup plus de moyens pour développer le mouvement associatif qui est un appui considérable à la démocratie ». Ce manque de subventions entrave, en outre, l'action de l'association Aescas. A en croire son président, ladite association « a pris part au Salon mondial de l'enfance et du livre qui s'est tenu à Ghardaïa en mars 2006 ». Notre interlocuteur nous fait savoir, d'autre part, que l'association qu'il préside n'a reçu, malgré son cadre légal, aucune subvention de la part des pouvoirs publics. « Pour bénéficier de 14 000 DA, on est obligé de présenter un dossier qui nous revient à 10 000 DA », dit-il. Celui-ci n'a pas manqué de « dénoncer le mépris des responsables locaux à l'égard des responsables de son association ». En somme, tout le monde s'accorde à dire que l'association est un élément très important dans l'effort de développement. Mais à Naciria, la réalité est tout autre. Ce principe est vraisemblablement foulé au pied. A qui donc revient la tâche de s'occuper des associations qui n'ont aucune raison d'être ? Cependant, certaines d'entre elles ont été créées pour des objectifs inavoués, souvent afin de permettre à leurs fondateurs d'avoir accès à certains privilèges. Au lieu de s'occuper des problèmes de la société, ceux-ci s'occupent des leurs. Pour rappel, dans le cadre du programme de coopération entre l'UE et l'Algérie, qui porte sur le projet d'appui aux associations algériennes de développement, le bureau d'étude de la région-centre dudit projet a organisé, fin avril dernier, au niveau du centre communautaire américain de Naciria, une rencontre à laquelle ont pris part les responsables de quelques dizaines d'associations de la région. Les initiateurs de cette réunion soulignent que « toutes les associations ayant une existence légale et qui développent des capacités minimales de gérer un projet ont le droit de bénéficier, selon les critères préétablis, d'un financement à hauteur de 80% du coût du projet et la somme peut aller jusqu'à 50 000 euros ».