Le taux de réussite de 53% aux examens du bac, tel qu'annoncé et commenté par le ministère de l'Education nationale, suscite une inquiétude au Conseil des lycées d'Alger (CLA). « Si nous nous réjouissons de la réussite de nos élèves, cela ne nous empêche pas de penser à la déperdition scolaire et à tous ces recalés qui ne peuvent être récupérés par le discours triomphaliste du ministère de l'Education », écrit-il dans une déclaration rendue publique hier. Le CLA estime que derrière les statistiques, il y a la réalité qui est loin d'être reluisante. Il argue que les 53% de reçus au bac ne représentent que 21% d'une génération de jeunes scolarisés qui sont arrivés en terminale. Il livre ainsi des chiffres ahurissants selon lesquels 75% de la cohorte d'origine n'accéderont jamais à l'université. Le CLA relève ainsi la responsabilité des enseignants qui, selon ce syndicat, doivent exiger plus de moyens pour qu'au moins 80% des élèves fassent leur enseignement secondaire. « (...) Si 700 000 candidats au bac est la marque d'une massification réelle de l'enseignement, il reste que la part de réussite à cet examen et à tous les autres examens nationaux ne nous satisfait pas, car le gâchis pédagogique est énorme : des 53% de reçus, une grande majorité sont des doublants, voire des triplants ou ce qu'on a dénommé “les exclus de l'intérieur” », est-il indiqué dans la même déclaration. Dans le même sillage, le CLA fait état de 100 000 élèves qui quittent l'enseignement secondaire sans avoir le bac. Selon les animateurs de ce syndicat, cela illustre on ne peut mieux la déscolarisation reflétée par les 37% de candidats libres qui, avec leurs propres moyens, passent les examens du bac. Il trouve ainsi illusoire de croire qu'on arrivera aux standards internationaux en la matière, en jetant chaque année à la rue des milliers de jeunes sans formation ni diplôme.