Le pire ne s'est donc pas produit, en dépit d'une année scolaire, sérieusement perturbée. Le taux de réussite à l'examen du baccalauréat a atteint cette année, un seuil record. 40% des candidats ont décroché leur visa pour l'université, selon des sources proches du ministère de l'Education. Ce chiffre sera confirmé officiellement ce matin à l'occasion de la conférence de presse qui sera organisée au siège de la tutelle. Mais avant cela, cette tendance s'est confirmée, à partir de samedi, à travers les résultats communiqués sur le site web de l'Office national des examens et de concours. Le ministère parle de résultats «exceptionnels». Premiers du genre depuis l'indépendance. Le pire ne s'est donc pas produit, en dépit d'une année scolaire, sérieusement perturbée par les mouvements de protestation dirigés par les deux syndicats autonomes (non agrées) le CLA et le Cnapest. Lesquelles grèves ont paralysé les lycées durant plus de trois mois, laissant se profiler le spectre de l'année blanche. La situation a été sauvée in extremis, après l'intervention de la commission exécutive et les menaces formulées, en des termes à peine voilés, en plein conseil des ministres, de faire remplacer les grévistes par des universitaires. Comment expliquer ce taux record, sachant par exemple que pour l'année dernière, le taux n'a pas atteint les 30%? La tutelle fait sa propre analyse de la situation. Le taux est le fruit des «réformes» engagées par le département de M.Benbouzid depuis quelques années. Citant au passage, «le recrutement durant les cinq dernières années, de 40.000 enseignants titulaires de diplômes universitaire». Il y a aussi le niveau des élèves du secondaire, qui est en nette amélioration. Revenant sur les évènements qui ont émaillé l'année scolaire 2003-2004, notre interlocuteur a mis en exergue «les efforts consentis» par son département afin de pallier «cette situation critique». «Le ministère a assumé pleinement ses responsabilités», à travers la réorganisation de l'année scolaire et le report de l'examen du Bac jusqu'à la fin juin. Contrairement aux appréhensions de certains, la grève des enseignants a eu pour effet, ajoute notre source, de galvaniser et de doper les élèves qui se sont donnés à fond pour arracher une place à l'université. Il y a aussi l'implication des parents d'élèves, «lesquels, conscients du danger, ne sont pas restés les bras croisés, en ayant recours aux cours de soutien scolaire au coeur même de la grève». L'annulation du système du rachat, ainsi que le non-recours à une deuxième session a eu, selon le département de Benbouzid, un effet «stimulateur» pour les élèves. Du côté des syndicats protestataires, qui ont menacé auparavant de gonfler les notes des épreuves l'on persiste à imputer le taux de réussite au «défi» relevé par les enseignants. Pour le coordinateur du Cnapest, M. Méziane Mériane, qui a fait durer le suspens, jusqu'à la dernière minute : «Les professeurs ont fait face, d'une manière très sereine, à leur devoir tout au long de cette année particulière». Fidele à ses positions, il estime que le taux de réussite au bac demeure «faible» comparé aux pays voisins. Il propose, dans le même sens, d'introduire des «réformes de fond», dans cet examen, à travers entre autres, l'organisation à partir de la prochaine année d'une session de rattrapage. Thèse qui a été, rappelons-le rejetée par la tutelle qui estime néanmoins que cette question ne pourrait être dissociée du programme global de réformes du système éducatif. Notons enfin que pas moins de 30.000 enseignants ont été mobilisés pour la correction d'un peu plus de 5 millions de copies. Selon un premier sondage de l'Onec, la filière littéraire a enregistré le plus grand taux de réussite. La question étant de savoir si l'exploit enregistré cette année sera réitéré à l'occasion de la session 2004-2005?