La gestion participative, basée sur la concertation et la communication permanentes, se présente comme étant l'alternative la plus efficace pour garantir le développement local durable. La concrétisation de cette option passe impérativement par l'implication des représentants de la société civile et du mouvement associatif dans le processus de développement et la conception des projets au niveau local. Cette thèse a été débattue la semaine dernière lors du premier séminaire national sur « la mobilisation des acteurs pour le développement local », organisé à Tizi Gheniff (wilaya de Tizi Ouzou) par l'Association pour l'insertion et l'emploi par le développement rural (AIEDR) avec les collectivités locales des daïras de Draâ El Mizan et Tizi Gheniff. Tel que cerné par Mme Ouiza Galleze, consultante spécialiste des questions de développement, le concept de la gestion participative s'impose à partir du moment où « aucune décision du pouvoir central ne peut s'avérer opérante sans la connaissance profonde des besoins exprimés par la population locale ». C'est à partir de là que la concertation entre les pouvoirs locaux et la société civile doit s'ériger en règle, se défend-elle en évoquant les possibilités de « réfléchir autrement la politique de proximité et sensibiliser la société civile pour une meilleure prise en charge des questions de développement local ». Dans ce contexte, la commune devient une sorte d'interface entre le pouvoir central et la population locale. « Face aux citoyens, la commune représente le pouvoir », dira-t-elle, et « face à l'autorité centrale, elle (la commune) est l'image de la population locale avec ses conditions, ses attentes et ses urgences ». Dans ce cas, « il est important pour chaque commune de connaître les ressources naturelles, les compétences locales humaines et les attentes des populations par catégorie sociale ». Au chapitre des incohérences du schéma pyramidal actuel des centres de décision (Etat-wilaya-commune), Mme Galleze citera la non-reconnaissance du quartier et de la ville dans les politiques de développement. « Des espaces comme le quartier et la ville sont actuellement étouffés et non reconnus comme des entités politiques », dira-t-elle avant de présenter quelques éléments fondateurs du développement local durable se reflétant à travers la démocratie participative qui « suppose l'intervention des populations dans l'élaboration des lois qui les régissent, la décision et réalisation des projets de leur ville, et la gestion de leur quotidien ». « Elle (la démocratie participative) se construit sur le sentiment d'appartenance, l'identité sociale, la participation à la politique locale, comme elle permet aussi de construire un contrepouvoir. » Cette thèse implique également la gestion des assemblées élues (APC) et Mme Galleze, à cet égard, estime qu'il est primordial pour un élu de savoir décider d'un projet en mettant en évidence deux éléments fondamentaux. Le premier élément est d'ordre moral et suppose que « l'élu local, en sa qualité de représentant de la société civile, doit se sentir concerné par l'excellence des résultats », et le second élément est économique et implique l'obligation pour l'élu de « savoir gérer comme un chef d'entreprise ». Sur la base de ces deux paramètres, l'élu local parvient à faire face à deux logiques différentes : la première est la logique du gestionnaire comprenant le prise en considération des besoins de l'économie, de la loi de marché, l'équilibre financier et la contrainte de la mondialisation. La seconde logique est humaniste plaçant l'épanouissement de l'être humain au registre des priorités de la collectivité. Tous ces éléments ont amené Mme Galleze à conclure qu' « un projet communal n'a de sens que s'il est porté par tous les habitants de la commune, justifié et réalisé après un diagnostic social et économique répondant à leurs attentes, s'il a défini une méthodologie de réalisation claire à court et moyen terme et, enfin, s'il a un impact attendu sur l'avenir des citoyens ». Le mouvement associatif, comme étant le facteur qui incarne cette gestion participative, est appelé à se mobiliser et s'impliquer activement dans les politiques de développement à l'échelle locale. Parlant de « la dynamique participative dans le développement local et le rôle du mouvement associatif », M. Ouamar Makhoukh, universitaire et secrétaire général de l'association Touiza d'Alger, est plus explicite en déclarant qu « le développement local sera durable grâce aux initiatives des acteurs locaux eux-mêmes ». Le mouvement associatif, dans son ensemble, peut, à la fois, jouer le rôle d'un acteur de développement, d'un partenaire des pouvoirs publics et d'un porteur de projets. Pour que le mouvement associatif puisse être impliqué d'une manière effective dans le processus de développement local, M. Makhoukh recommande l'ouverture des espaces de rencontres, la décentralisation des responsabilités et la professionnalisation de la communication. Les organisations professionnelles (agricoles, industrielles, artisanales), les associations activant dans les domaines culturel, social ou économique, constituent les groupes devant être impliqués dans les initiatives locales, dans le but de contribuer à l'émergence d'une société civile organisée et solidaire, promouvoir les savoir-faire locaux et de nouveaux métiers. Cet objectif peut être atteint à partir du moment où l'approche participative du développement local permet de parvenir à identifier les besoins et problèmes locaux et à organiser les acteurs locaux afin d'atteindre la cohésion sociale.