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C'est cher, mais on s'arrange
Publié dans El Watan le 09 - 07 - 2007

Plus on vit à grande distance du pays, plus cher est le voyage pour rentrer voir les siens pendant les vacances. Aujourd'hui, depuis Paris pour Alger, pour un départ entre le 10 et le 30 juillet, il en coûte au moins 450 euros par personne, en prenant son billet sur Internet.
Lyon : De notre correspondant
A partir de Marseille, le prix est plus raisonnable, à partir de 270 euros , si on a de la chance. La différence est notable, mais une réalité s'impose d'elle-même, retourner au pays n'est pas donné. Tous les Algériens ne partiront donc pas, faute de moyens. Ce n'est ni spécial ni nouveau. En cela, ils sont comme les autres citoyens. On sait ainsi, d'après les études statistiques, que 4 Français sur 10 n'envisagent pas de vacances cet été. Ce chiffre est peu changeant d'une année sur l'autre, selon les études TNS Sofres. Et personne ne s'étonnera que les foyers ayant un niveau de revenus entre 800 euros et 1 500 euros (45%) sont nombreux à ne pas avoir de projet de vacances d'été. Les foyers gagnant entre 2300 et 3000 euros par mois (25%) ou même plus de 3000 euros (21%) sont plus nombreux à vouloir et pouvoir, partir. Pour ceux-là, qui ont les moyens, le voyage n'a pas forcément pour destination l'Algérie. D'autres lieux sont prisés, comme les complexes touristiques tunisiens, le Maroc, l'Espagne ou la Turquie… A chacun, selon ses revenus. Les dernières statistiques sur le travail des immigrés indiquent que seul 1% active dans le financier, 2% dans l'immobilier, 11% dans le commerce, toutes activités rémunératrices. La majorité (71%) exerce dans le secteur tertiaire, dont les salaires dépassent rarement le salaire médian français, à savoir 1500 euros (données de l'Insee 2006). Un quart des Français projette de partir chez des proches, que ce soit dans la famille ou chez des amis. C'est là un autre point commun avec la population globale. La famille, c'est le type de vacances privilégié, quelle que soit la catégorie sociale et cela correspond bien aux aspirations des Algériens. C'est cher de traverser la mer, mais on s'arrange pour payer. Cela vaut la peine de faire les efforts nécessaires toute l'année pour pouvoir se procurer le plaisir des retrouvailles familiales. Une fois le voyage réglé (et les petits cadeaux financés), la vie en famille, sous un toit qu'on ne paie pas, cela vaut quand même des sacrifices. Surtout qu'on pense aux enfants, à leur lien avec le pays natal.
La frénésie du voyage
A voir l'affluence dans les bureaux des 18 consulats en France pour se faire établir leurs documents nécessaires à leur voyage estival au pays, on découvre que la frénésie du voyage est là. C'est la foule habituelle, tout le monde se donnant le mot pour attendre le dernier moment. Passeports, carte d'identité ou encore papiers relatifs à la situation militaire, tout y passe pour le personnel consulaire qui, pendant cette période bien particulière, n'a pas le temps de lever la tête des ordinateurs. Chapeau d'ailleurs aux employés pour répondre ainsi à toutes les demandes. Cela ne doit pas faire oublier que les Algériens ne sont pas les derniers à souffrir du chômage. Là aussi, les statistiques le démontrent. Sur l'ensemble de la population immigrée, toutes origines confondues, 21% des 25/39 ans sont sans emploi, 16% des 40/49 ans, et 15% des 50 ans et plus (source Insee). A mettre en parallèle avec la moyenne nationale du chômage descendue au dessous de 10%.
Alors on se débrouille
Certains, comme Saliha et Mohand, un couple âgé d'une quarantaine d'années, profitent de l'été pour travailler comme saisonniers. « Tout l'hiver, on n'a pas trouvé de travail. Maintenant, c'est la saison des fruits. Il y a du boulot jusqu'en octobre, si tout va bien. L'Algérie, ce sera pour après. » Même son de cloche pour Karim, qui vient de décrocher son bac. « Je vais me faire un peu de blé, mais j'espère bien partir en septembre, juste avant de revenir poursuivre mes études. » Les anciens, eux, surtout ceux qui ont pu construire au pays, y font des séjours de plus en plus longs pendant l'année. « Avec notre petite retraite, explique Khalti Kheira, on est mieux en Algérie. On vient en France pour des soins ou toucher notre argent, et on repart en Algérie. » Pour eux, c'est en quelque sorte les grandes vacances qui se renouvellent plusieurs fois par an… Et les petits, ceux qui ne partent pas car décidément leurs parents ne peuvent pas, certains vont traîner l'été sur leurs épaules… D'autres auront la chance de quelques jours d'évasion, grâce à des associations comme le Secours populaire ou l'Association avec tous les travailleurs immigrés (Asti) qui organisent des sorties à la mer ou à la montagne. Ce n'est pas le pays des ancêtres, mais ça dépayse !


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