Ce ne sont pas les masses qui écrivent l'histoire. » Zahi Hawass, le chef des antiquités égyptiennes n'a pas apprécié la démarche de la New Seven Wonders Foundation, qui consistait à rafraîchir la liste des sept merveilles du monde en permettant à tous les Terriens d'élire, via Internet, sept nouveaux sites parmi vingt-et-un finalistes de tous les continents. Hier soir, lors d'une cérémonie grandiose organisée à Lisbonne et retransmise dans plus de 170 pays, les votes de plus de 100 millions de personnes ont été annoncés, consacrant la Grande Muraille de Chine, la statue du Christ rédempteur au Brésil, le mausolée du Taj Mahal en Inde, la cité de Petra en Jordanie, le Colisée de Rome, les ruines incas du Machu Picchu au Pérou et l'ancienne cité maya de Chichen-Itza au Mexique. Le dépit de Zahi Hawass s'explique : les pyramides de Gizeh sont, en fait, des merveilles originales, les seules ayant survécu et à ce titre, estime l'Egyptien, « la seule merveille du monde ». Les organisateurs de la compétition l'avaient d'ailleurs classée hors concours en tant que membre honorifique. Ceci dit, le chef des antiquités n'est pas le seul à protester contre cette campagne. L'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) a carrément émis un communiqué pour éviter toute « confusion dommageable » avec son action de préservation du patrimoine mondial. « Il ne suffit pas de reconnaître une valeur sentimentale ou emblématique à certains sites et de les classer sur une nouvelle liste, fruit d'une initiative privée qui ne pourra en aucune manière contribuer de façon significative et durable à la préservation des sites élus », est-il précisé. Le très controversé concours, initié par le globe-trotter et cinéaste suisse Bernard Weber après la destruction en 2001 en Afghanistan par les talibans des bouddhas géants de Bamiyan, devrait permettre, grâce aux recettes de la cérémonie, de financer leur reconstruction. Sue Williams, porte-parole de l'Unesco, a ajouté : « La liste du patrimoine mondial de l'humanité compte 851 sites et pas uniquement des monuments, mais aussi des ensembles plus vastes comme des centres-villes, des paysages façonnés par l'homme ou encore des milieux naturels. » Quant à Christian Manhart, du Centre du patrimoine mondial, il a rappelé, d'une part, que « le chiffre sept était adéquat pour l'antiquité parce que le monde antique était beaucoup plus petit que celui d'aujourd'hui ». Il a souligné, d'autre part, que cette campagne envoie « un message négatif pour les pays dont les sites n'ont pas été retenus ».