Le camp des partis opposés au projet d'amendement de la loi électorale 97-07 ne cesse de s'élargir. Après les 13 « petits partis » qui sont, depuis quelques jours, en campagne contre le projet gouvernemental, d'autres formations de l'opposition expriment, elles aussi, leur mécontentement et leur volonté de contrecarrer ce texte. Des partis siégeant à l'Assemblée populaire nationale (APN) comptent, en effet, rejeter les nouvelles dispositions introduites dans la mouture du ministère de l'Intérieur à l'occasion du débat autour du projet en séance plénière. Un débat qui sera ouvert mercredi. C'est le cas du RCD, du PT et du FNA. « Le projet n'agrée pas le RCD. Nous ne sommes pas concernés par les nouvelles mesures, mais sur le plan des principes nous ne pouvons accepter une telle loi », déclare Djamel Ferdjallah, président du groupe parlementaire du RCD. Le pouvoir, enchaîne-t-il, tente par les artifices juridiques « de justifier sa volonté de réinstaurer le système de parti unique ». « Pour réguler la scène politique, nous avons la loi sur les partis politiques. On n'a pas besoin d'amender la loi électorale pour remettre de l'ordre dans la scène politique nationale », précise-t-il. Pour l'élu du RCD, le fait de se baser sur les résultats des trois dernières élections pour définir « les grands et les petits partis » traduit déjà une maladresse du pouvoir. « Toutes les élections organisées en Algérie sont entachées de fraude. Donc les résultats de ces élections ne sont pas fiables afin qu'ils soient pris comme base pour définir les grands et les petits partis », indique-t-il, en annonçant que le RCD est en concertation avec des partis politiques en vue de contrecarrer le projet. Pour le Parti des travailleurs (PT), l'exigence d'un score minimum de 4% pour prendre part aux futures échéances constitue d'emblée une atteinte au droit constitutionnel de se porter candidat à une élection. « C'est une grave atteinte au multipartisme », lance Djoudi Djelloul. Selon lui, si l'on veut combattre la corruption politique, il faut séparer la politique du monde des affaires. « Il faut exiger de chaque homme d'affaires voulant s'engager dans la politique de quitter définitivement ses affaires pour se consacrer à la politique », martèle-t-il. Le PT, ajoute-t-il, n'acceptera pas ces nouvelles mesures. Le FNA, par la voix de son président, Moussa Touati, se dit aussi contre le projet. Le premier responsable du FNA affirme que son parti ne cautionnera pas cette loi. « Je pense que nos députés s'abstiendront de voter pour ce projet », assure-t-il. Le FFS, en revanche, se montre plus radical en rejetant toutes les démarches du pouvoir. « Après le verrouillage, le pouvoir veut cadenasser le champ politique. Cette loi est une étape du dispositif de l'Etat d'urgence, du code pénal bis et toutes les lois répressives concoctées par ce pouvoir. Zerhouni veut faire du pays un grand commissariat », soutient Karim Tabbou, premier secrétaire du FFS. Pour lui, le pouvoir et l'APN n'ont pas reçu le mandat qui leur permet de légiférer à la place de la population. « La seule loi qu'il faut respecter, c'est le refus exprimé par la population lors de la dernière législative. Le temps du traficotage des lois est révolu », explique-t-il. Par ailleurs, le MSP, un parti qui fait partie de l'alliance présidentielle, est pour l'amendement de cette loi. « Sur le plan de principe, nous sommes pour la révision de cette loi. Mais, concernant le contenu, nous allons d'abord étudier le projet avant de décider », dira Abderrazak Mokri, vice-président du MSP.