L'Egypte a spectaculairement renoué avec un terrorisme, qui semble avoir adopté la stratégie des kamikazes, ainsi qu'avec une fronde anti-gouvernementale, menée à visage découvert par l'opposition. Bush semble lui aussi prendre le relais de cette vague anti-Moubarak, en demandant à ce dernier de prévoir, pour l'élection présidentielle de l'automne, des “observateurs internationaux” et de les organiser avec des “règles qui permettent une véritable campagne” électorale. Le président américain, qui s'exprimait en marge de la cérémonie du 60e anniversaire de la victoire sur le nazisme organisée par la Russie, a invité l'Egypte à s'inscrire dans la dynamique des “changements fantastiques”, en cours au Moyen-Orient, soulignant que son point de départ aura été l'Irak où, selon lui, malgré la persistance de la violence, les élections de janvier dernier ont permis la formation d'un gouvernement de coalition. Bush s'est dit convaincu que les élections au Liban, à la fin de ce mois, précipiteront le processus de démocratisation dans la région, en référence à l'isolement, prévu par lui, de la Syrie. Le problème est que ce sont les islamistes de la ligue des Frères musulmans qui mènent la barque. Son guide, Mohamed Mahdi Akef, est sorti au grand jour pour exiger du Parlement égyptien le rejet du projet d'amendement constitutionnel pour l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel parmi des candidatures multiples. Le texte, présenté par Moubarak comme une ouverture sur la démocratie, impose aux candidats à l'élection présidentielle, qui doit se tenir en septembre, d'être cautionnés par au moins 300 élus, dont 65 députés de l'Assemblée et 25 Sénateurs, le reste étant des élus locaux. Or, le Parlement est dominé par le Parti national démocrate au pouvoir et dont la commission politique est entre les mains du fils de Moubarak. L'opposition, qui n'obtiendrait pas plus de 25 voix sur 454, considère la condition pour être candidat comme impossible à satisfaire. Le PND doit en principe présenter la candidature du président Hosni Moubarak, 77 ans, pour un 5e mandat de six ans. Les démocrates égyptiens, eux, sont pratiquement out. Par le jeu de la répression, mais surtout du fait que le pouvoir n'a cesse d'utiliser, comme d'ailleurs l'ensemble des régimes arabes, la religion comme fond de commerce privilégié. D. B.