Rencontré il y a une quinzaine de jours à Tunis, lors de la finale de la Star Academy Maghreb sur la chaîne satellitaire Nesma TV, Faudel, l'auteur du tube Tellement, je t'aime, nous parle avec franchise. La dernière fois que vous êtes venu en Algérie, c'était en tant qu'acteur lors du tournage du film Bab El Web de Merzak Allouache... Grâce au film Bab El Web de Merzak Allouache, j'ai redécouvert l'Algérie. C'était un casting émouvant ayant réuni des « beurs » — je n'aime pas cette dénomination — et de grands noms du cinéma et de la télévision algériens qui ont bercé ma jeunesse. La trame du film tournait autour de trois personnages : Samy Naceri, Julie Gayet et moi. Et le quatrième personnage, c'était l'Algérie. On a tourné à Bab E Oued, chez des familles qui nous ont très bien accueillis. Pendant un mois et demi, j'ai pu voir, vivre et ressentir les choses à Alger. C'est une fierté pour moi. Le chanteur de raï Faudel ne s'est pas produit en Algérie depuis longtemps... Cela me manque beaucoup. C'est vrai, j'ai fait une petite pause concernant les concerts. Mais cela ne veut pas dire que je n'avais pas spécialement de contact avec l'Algérie. Je suis disponible. L'Algérie est mon pays et je serai fier de donner des concerts en Algérie. Cependant, j'ai des projets... Justement, quels sont ces projets ? J'ai vraiment envie d'enregistrer un album, une « banda » comme on dit à Oran. Récemment, j'ai fait un petit test sur Beur FM, la radio communautaire maghrébine en interprétant une reprise de la chanson Darou s'hour darou avec le grand arrangeur Maghni que je respecte beaucoup et le parolier Ahmed Hamadi. Et c'était un succès en France. Une expérience plus raï par rapport à ce qu'on a l'habitude d'entendre dans ma discographie. Cela a fait germer de petites idées que j'aimerai concrétiser. Aussi, je vais me rendre à Oran pendant quinze jours et y enregistrer une « banda » (rires). Cela me fera vraiment plaisir. C'est confus ! Parce qu'on ne me connaît pas en Algérie (musicalement parlant), c'est vrai ! Vous voulez offrir un album raï roots (racines) au public algérien... Oui, voilà ! Un album roots ! Un nouvel album totalement différent par opposition au dernier. Cela m'intéresse d'opérer des changements depuis le début de ma carrière. Faire la même chose, c'est pas motivant ! Il faut savoir étonner et surprendre le public. Et puis, il existe des marchés (du disque) différents. Universal, ma maison de disque, n'est pas sur une priorité du Maghreb. Je trouve cela dommage. Alors, qu'on peut faire énormément de choses locales en Algérie et au Maghreb. Donc, je vais m'investir avec ce nouvel album. Pour l'actualité, je sors le 16 juillet un best-off (le meilleur de Faudel) avec quatre inédits. Vous avez investi le marché arabe en chantant avec notamment Amal Hijazi... J'ai eu cette chance. C'est ma fierté d'entendre dire des chanteurs comme Georges Wassouf ou Ragheb Alama : « Vous êtes celui qui chante Abdelkader ya Boualem. » 1,2,3 Soleil oblige ! Oui, d'ailleurs, on a évoqué cette aventure avec le grand Khaled tout à l'heure (Khaled était aussi l'invité de marque de la finale de la Star Academy Maghreb sur Nesma TV). Khaled est un grand ami, on est très proches contrairement à ce que racontent les gens. Khaled, je l'aime et je le respecte. On est fiers de voir Khaled chanter avec Diana Haddad. Pour lui, c'est une fierté. Parce qu'il s'est battu pour cette musique (le raï) qui a dépassé les frontières de l'Algérie. Au début, cela n'a pas été facile pour Khaled par rapport à moi qui avais déjà une maison de disques derrière moi. Et puis, Khaled est fier d'avoir aidé ses petits frères comme moi. Dernièrement, les médias ont annoncé le report de votre tournée en France, et d'avoir été « sifflé » lors d'un concert... Pas du tout ! C'est de l'intox ! Vous savez lors d'une fête de la musique, le public vient de partout. Déjà, c'est un concert gratuit et ces gens ne sont pas spécialement d'accord avec vous. Je ne suis pas le seul à être sifflé. Mais je ne dirai pas qui d'autre s'est fait... Donc, c'était une minorité. Et je ne leur en veux pas ! Parce que tout le monde n'est pas forcé de m'aimer. Cela a-t-il un rapport avec votre amitié avec le président français, Nicolas Sarkozy ? On est en démocratie ! Il s'avère que j'ai des amis pas uniquement dans la musique. Des gens comme Nicolas Sarkozy qui, aujourd'hui, est président. Ce sont des personnes que j'ai connues avant. Personne ne peut m'interdire telle ou telle amitié. Les gens pensent que je suis sa « marionnette » pour des considérations électoralistes pour brasser des voix parmi l'électorat français d'origine maghrébine. Pas du tout ! Parce que d'abord Nicolas Sarkozy est un ami. Pour vous dire, parfois, quand on se croise, je ne sais pas si je dois l'appeler Nicolas ou monsieur le président ! (rires). Je sais que bientôt, il entamera une visite officielle en Algérie. Maintenant, il faut arrêter de dire que c'est quelqu'un de « facho ». Quand on regarde le nom de la ministre de la Justice (Rachida Dati), je ne crois pas qu'il soit « facho ». Site web : www.faudel.fr