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Les troubadours à la rescousse
Spécial 40ème édition du Festival d'Art Dramatique
Publié dans El Watan le 11 - 07 - 2007

Alors qu'un orage inattendu aura failli noyer la courte cérémonie organisée sur le Boulevard Ould Aïssa Belkacem, au niveau du lieu de jonction entre la parade des festivaliers et les invités, ce n'est qu'en début de soirée que les véritables festivités devaient commencer.
L'absence attendue de la ministre de la Culture et son remplacement par Mme Chikhi, directrice des Arts, n'aura été d'aucun secours aux organisateurs de cette cérémonie protocolaire et naturellement festive. Un cocktail insipide, fait de spectacles réchauffés, des acteurs nombreux mais très mal inspirés, un timing hésitant et une invasion de la scène par les caméras de l'Unique, feront que cette cérémonie n'aura pas droit à la postérité. Les seuls moments de grâce seront assurés par les éternels troubadours que sont Med Tahar et Nordine Benkheira, qui interpréteront, l'un au luth et l'autre au violon, de sublimes arrangements empruntés au répertoire national. Miloud Arras, un longiligne guitariste, épatera les mélomanes présents par ses compositions léchées et des textes d'où perle un romantisme mélodieux. La trouvaille était bonne mais le filon ne sera pas exploité. Dommage, car pour une fois que des artistes authentiques étaient de la partie, il était attendu que le spectacle soit. Alors que le spectacle de la cérémonie d'ouverture s'égarait dans des reprises pas toujours heureuses –à l'exception du passage emprunté à l'œuvre du talentueux Hamlaoui (CRAC et GAC), de la génération des années fastes-, les spectateurs seront enfin tirés de leur assoupissement par le passage inopiné d'une actrice que personne n'avait songé à inviter. En effet, se faufilant entre les acteurs, les photographes, les cadreurs et les caméras de l'ENTV, une chatte apparemment totalement désorientée par l'incongruité du spectacle et certainement aussi par le vacarme produit, ne trouvera son salut qu'en traversant la scène à la recherche d'un autre lieu de quiétude. Mal lui en prit puisque à l'autre bout, c'était aussi l'enfer. Et voilà qu'elle rebrousse chemin pour encore une fois voler la vedette à tous ce beau monde sensé égayer la soirée. Le public ne s'y trompa point. Lors de ses deux passages, l'animal aura droit à la plus nourrie des ovations. Dommages qu'elle le prit mal, car autrement, elle aurait certainement eut droit à un cadeau, voire à un chèque. Pour sa prestation totalement réussie. C'est la règle au festival de Mosta, à chaque édition, le programme est constamment modifié. Ce qui perturbe énormément ceux qui sont chargés d'en suivre les moindres péripéties. Notamment les journalistes et correspondants qui sont continuellement ballottés au grès des humeurs des organisateurs mais également des festivaliers.
Les caprices de la programmation
Car l'ordre de passage semble être la principale préoccupation des troupes participantes. Nos amis Benachour Bouziane et Med Nouel, qui devaient animer une première conférence, en feront les premiers les frais. L'un ne prendra connaissance du sujet de sa conférence qu'une fois bien installé sur l'estrade, l'autre, arrivé bien avant l'heure dite, devra patienter près d'une heure dans l'attente du top de départ. Heureusement que les chevronnés conférenciers parviendront à relever le défi, malgré ces aléas récurrents. Le directeur technique comme pour s'excuser, dira qu'avant l'entame, le planning des passages aura été modifié plus de 6 fois ! Les habitudes font de la résistance. Comme les mauvaises herbes, elles savent que c'est par la persévérance que l'on s'impose. Ainsi, lors de la cérémonie d'ouverture, des cadeaux symboliques avaient été distribués aux familles des anciennes figures de proue du festival. Juste récompense à des bénévoles qui auront, leur vie durant, donné le meilleur pour éviter le pire. Mais curieusement, alors que des personnalités politiques – à l'image du député Si Affif- et culturelles avaient pris place aux premières loges, le maître de cérémonie se limitera à Mme Chikhi, représentant la ministre, et à Djamel Bensabeur, le néo commissaire, pour la remise des gratifications. Une bourde qui ne sera pas du goût du député qui quittera la cérémonie. En plus des petits désagréments, il y a celui des badges qui, 3 jours après l'ouverture du festival, continuent de se faire désirer. Ce n'est que dimanche en fin de journée que le service chargé de la régie recevra les siens. Pour la presse et les conférenciers, l'affaire semble partie pour ne jamais se conclure. Mais les plus malheureux sont ces anciens festivaliers venus des quatre coins du pays, qui avec une calvitie avancée, qui avec une barbe bien fournie, la plupart ayant de sérieux problèmes de mémoire visuelle fort compréhensible, un badge portant le nom, le prénom et surtout la troupe, aurait été d'une grande utilité. A l'âge certains de la quarantième, il eut été jouissif d'offrir enfin à ce festival un logo. Ce qui aurait permis d'éviter l'indélicatesse de cet hippocampe en céramique, offert lors de la soirée d'ouverture aux familles d'illustres anciens. C'était l'occasion rêvée d'organiser – l'argent coulant à flots- un concours national qui aurait mis à l'épreuve artistes et designers afin de doter définitivement la manifestation d'un symbole. Ce qui aurait pour première conséquence de nous voir à jamais débarrassé de ces tableaux encombrants et inesthétiques qui ne plaisent qu'à ceux qui les échangent contre un chèque bien gras. Serait-ce trop demander à cette manifestation qui continue d'honorer les siens avec de vulgaires photocopies ; par ailleurs gauchement encadrées par des amateurs du moindre effort et du plagiat nourricier ?


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