Pleine scène à la clôture samedi dernier de la deuxième édition du festival du court-métrage qu'on appelle communément le Taghit d'or car il se déroule dans la ville éponyme et le trophée suprême porte son nom. Jusqu'à 22h, personne ne connaissait encore le palmarès de cette compétition qui a mis en lice 26 courts-métrage dont quatre, algériens. Ce que les curieux doivent savoir par contre c'est que le niveau de la production a été tellement lamentable que les jury eux-mêmes n'ont pas pu juger les films auxquels ils devaient absolument décerner 6 trophées parmi lesquels, le meilleur réalisateur, meilleur interprète masculin, meilleur productions etc…12 heures avant le verdict final, l'un des membres du jury nous a confié qu'il était ardu de donner des prix parce que " parmi les 26 courts-métrages nous n'avons pu discuter qu'autour de cinq films regardables alors qu'il aurait fallu débattre au moins autour d'une quinzaine d'oeuvres " avait-il révélé, ajoutant que la séance du vendredi était particulièrement lamentable. Nous nous sommes mis sous presse au moment même où nous rencontrons sous deux khaïma, et une montagne de dunes, un monde fou. Les Taghitois semblent uniquement venir lors de spectacle lyrique. Taghit qui est une daïra de la wilaya de Béchar contient 6000 habitants : nous pouvons dire sans risque de nous tromper qu'il y a eu lors de la cérémonie de clôture animée par un groupe inconnu de tous, un millier de spectateurs. Les jeunes et les moins jeunes s'étaient postés en haut des dunes comme dans un théâtre romain sans gradins, les femmes dans une kheima parallèle à celle des officiels, et les mioches et autres ont cadré tous les alentours des sites éclairés par des projecteurs dégageant une lumière violente qui mériterait de réfléchir le désert. Les Taghitois qui n'ont absolument aucune activité ludique dans leur enchanteresse ville, avaient failli sortir de leur peau lors de cette cérémonie colorée par des visages inconnus et des rythmes de chez eux. Après le discours protocolaire et les rencontres entre les festivaliers qui ont vu le " festival vendu d'avance avec son beau trophée " le verdict était donné par une présentatrice de la ville en compagnie du wali de Béchar à qui on a fait beaucoup d'éloges. Puisqu'il était dit que le festival était vendu d'avance, personne n'était surpris que le trophée suprême du Taghit d'or soit allé au film " Ils se sont tus " de Khaled Benaïssa, film du dramaturge Ahmed Benaïssa et ami intime des organisateurs du festival. Un premier court signé par un jeune comédien qui a fait quelques apparitions dans quelques longs-métrages dont " El Manara de Belkacem Hadjadj et qui a un diplôme en architecture. Alors que dans les coulisses on évoquait sans cesse la médiocrité des films sélectionnés, la surprise est venue cette fois-ci du jury lui-même qu' a présidé la réalisatrice tunisienne Selma Bekkar aux côtés de l'Algérien Miloud Mimoun invité avec sa femme à cette fête pro-familiale. Un des membres du jury nous révelait très tôt le matin que les 6 prix attendus étaient de trop pour une médiocrité aussi criarde, le soir même on fait à la surprise générale, une rallonge dans la liste des trophées avec tenez-vous bien, cinq mentions spéciales du jury : il s'agit de " Goulili " de l'Algérienne Sabrina Draoui, " Berceuse pour un enfant " du Serbe Milos Pusic, " Tarte à la crème " de l'Egyptien Ahmed Magdi " E finita la commedia " des Belges Jean Julien Colette et Olivier Tollet ", " Bint Al Nokhita " de l'Emirati Khalid Al Mahmoud ! Le trophée du meilleur réalisateur a été raflé par le Tunisien reda Tlili pour son film " Ayan, Kan ", celui de la meilleure interprétation masculine a été décerné avec youyou au Français Orelian Denanzé pour son rôle pathétique dans le film " OS - ouvriers spécialisés ", de la Française Marie Vanaret. Le prix du meilleur scénario a été décerné au film " Séquence " signé par le binôme jordanien, Hazim Bitat et Rafki Assam alors que le prix d'interprétation féminine est allé à la comédienne marocaine Asma El Khadraoui épouse de Mohamed Nadif réalisateur qui l'a distribuée dans son propre film, " La jeune femme et l'instit ". Voilà donc les heureux élus de ce festival dont les organisateurs promettent la longévité malgré les incertitudes de tous et les déceptions de la plupart des jeunes réalisateurs qui repartiront aujourd'hui dans leurs contrées respectives avec rien en poche. Après le noir de l'écran, place à un autre chanteur inconnu, Reda El Wahrani qui a fait veiller les Taghitois, habituellement casaniers et qui a permis la distillation d'une lumière sur les montagnes de dunes qui servent de rempart pour les ennuis chroniques. De notre envoyée spéciale