La 40e édition du Festival national du théâtre amateur, qui s'ouvre aujourd'hui sous la conduite d'un nouveau commissaire, dont la nomination aura soulevé moult questionnements, n'aura pas droit à l'erreur. En effet, cette manifestation, qui entre dans l'ère de la sagesse que lui impose son histoire, devra mettre tous les atouts de son côté afin que les sempiternelles querelles de clocher sur fond de gros sous ne ternissent encore une fois l'image que véhicule cette manifestation depuis 40 ans. Créé par le défunt Si Djillali Benabdelhalim avec l'aide inestimable des SMA, ce festival, qui demeure la véritable première manifestation culturelle de l'Algérie indépendante, devra passer le cap des enfantillages qui auront jalonné son épopée depuis 1967. A l'époque, l'argent était si rare que des bénévoles s'en allaient quémander quelques victuailles auprès de simples commerçants. C'était le temps du bénévolat débonnaire et de l'insouciance à toute épreuve. Une situation que beaucoup parmi les acteurs de ces années glorieuses regrettent avec tant d'émotion. Durant les dernières éditions, notamment depuis la désignation d'un commissaire par Khalida Toumi, l'argent semblait couler à flots. Sans que pour autant la qualité de l'accueil en soit améliorée. Car il est de notoriété que, de nos jours, la manifestation brasse des centaines de millions, sans pour autant offrir, ni en nombre ni en qualité, des spectacles dignes d'intérêt. Le spectacle qui démarre aujourd'hui par une parade depuis l'ex-ITA jusqu'à la Maison de la culture, devra faire oublier les dissensions apparues à la lumière du casting concocté par le groupe de Djamel Bensaber, le nouveau commissaire. Où l'on découvre une participation toute symbolique de seulement 7 troupes avec, pour la première fois, l'absence inexpliquée des associations de Mostaganem et sa région. Un comble pour la cité de Ould Abderrahmane Kaki et Bachali Allel. En effet, selon le programme arrêté, ce seront les troupes Ennawaris de Bougaâ, El Founoune d'Adrar, El Ibdae d'Oran, Sirat Boumediène d'El Amra (Aïn Defla), El Gouala de Relizane, El Mesrah El Boudouaoui de Boumerdès et Fen El Khachaba d'Adrar qui assureront la totalité des spectacles. Qui seront présentés en fin d'après-midi — à partir de 19h30 — au niveau de la salle Bleue de la Maison de la culture. Sous l'œil bienveillant de Mohamed Benguettaf, l'inamovible président du jury, qui sera assisté — une première dont il faudra expliquer les tenants et les aboutissants — par un metteur en scène tunisien et le président d'un festival de théâtre en Egypte. On annonce également la participation « en off » de deux troupes maghrébines, l'une du Maroc et l'autre de Tunisie. Côté hébergement des participants, les organisateurs ne semblent plus vouloir persister dans l'indigence et l'amateurisme. En effet, l'ensemble des festivaliers seront logés en bordure de mer, dans trois hôtels tous situés aux Sablettes. Les troupes auront droit au somptueux hôtel El Mountazah, les invités de marque et les conférenciers seront logés à la résidence El Waha, tandis que les membres du jury s'isoleront à l'hôtel El Feth. Après le court défilé des participants sur une partie du boulevard Ould Aïssa Belkacem, les participants seront conviés à une collation dans les espaces ouverts de la Maison de la culture. Un spectacle d'ouverture s'y déroulera également en début de soirée et sera animé par quelques associations de Mostaganem. Après les soubresauts provoqués par le limogeage sans ménagement de Mohamed Nouari, l'ex-commissaire et par ailleurs député dont la fin de mandat aura été accompagnée de sa mise à l'écart, il n'est pas certain que la ministre de la Culture fasse le déplacement jusqu'à Mostaganem pour donner les trois coups du lever de rideau sur une manifestation qui s'étalera sur une semaine et qui n'a plus le droit de décevoir.