Sous ce triptyque, le metteur en scène libanais d'opéras lyriques, Abdelhamid Caracalla, a présenté un très beau spectacle. Même s'il s'est plaint d'avoir été sollicité en retard, six mois avant le 50e anniversaire du 1er Novembre 1954. Né d'un vrai travail de recherche, l'œuvre présentée à la coupole du 5 Juillet a tenu toutes ses promesses. La malhama en cinq tableaux, intitulée Novembre, parcours pour la dignité, produite par l'Office national de la culture et de l'information (ONCI), décline l'épopée des étapes marquantes de l'histoire nationale, en orientant les projecteurs sur la colonisation française et la guerre de Libération nationale en particulier. Sur la musique au timbre oriental du compositeur iranien Mohamed Reza Alighol, assisté des Algériens Mohamed Boulifa, Noubli Fadel et Kouider Bouziane, la représentation s'ouvre sur une projection d'images. Les paysages de l'Algérie, le fil de l'histoire avec les différentes civilisations qui s'y sont succédé, l'incident de l'éventail qui a servi de prétexte à l'occupation française, l'expropriation des terres, la guerre d'Indépendance, les réalisations post-indépendance, les différents présidents de la République algérienne se succèdent sur l'arrière-plan d'une scène austère, un écran bordé d'un croissant argenté. Les personnages, chacun dans son registre, prennent aussitôt forme sur une scène conçue par les décorateurs italiens Giuliano Spinelli et Natalino Vitti. Des personnages très mobiles qui nous projettent d'emblée dans des cafés maures insouciants, pris d'assaut sous la Marseillaise. Images ininterrompues et chansons puisées du terroir ou composées par l'Egyptien Salah El Charnoubi accompagnent les tragédies de la guerre de Libération nationale, avec un arrêt poignant sur les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata. Lune éblouissante et un ciel étoilé donnent à l'œuvre une dimension très spirituelle. Dieu, qui a majestueusement décoré l'univers de luminaires, est présent de bout en bout de la représentation. La psalmodie d'un verset du Coran sur la récompense réservée par Dieu aux chouhadas clos les scènes de torture et d'exécution. Avec un gros plan sur le Livre Saint. Le couronnement de tout ce parcours : l'Indépendance. L'hymne à la souveraineté de Hadj M'hamed El Anka, El Hamdou lillah ma bkach el istiâmar fi bledna, est reprise intégralement en chœur. Instant émouvant ! La cantatrice algérienne Warda donne la représentation finale à l'œuvre magistrale de Caracalla, pour laquelle il a été gratifié par le Président Abdelaziz Bouteflika. Incontournable lors de ces manifestations, Warda, quant à elle, a été décorée de la médaille El Athir (Ordre du mérite national) par le chef de l'Etat. Signe de la réconciliation nationale qu'il prône depuis son accession au pouvoir, en 1999, le président de la République est monté sur scène en compagnie de l'ancien président Ahmed Ben Bella, lui, qui se plaint que les manuels scolaires n'évoquent pas son passage à la Présidence de la République avant le coup d'Etat dirigé contre lui le 19 juin 1965. A minuit tapante, la coupole s'est illuminée par un grandiose feu d'artifices.