Un enchantement pour les yeux et un délice pour les oreilles que d'assister aux spectacles de la célébrissime troupe libanaise Caracalla. Encore plus, s'il est question de plein air, et de cadre idyllique tel que celui de Timgad. Non Caracalla n'est pas l'empereur Romain qui renversa Commode et qui, à l'instar de Vespasien, a vulgarisé le thermalisme en Rome antique. Abdelhalim Caracalla est le fondateur de la troupe de ballet, qui porte son nom, une troupe qui écume, depuis les années 1970, les planches des plus prestigieux théâtres. En effet, le Royal Albert hall de Londres, le Carnagi Hall de New York ou l'Olympia, ont été les terrains de jeu favoris d'un ballet qui rivalise avec le Bolchoï ou le Théâtre du soleil. Après avoir exploité le mythe d'Alysse Didon, de Cléopâtre et les œuvres de Sheakspear, Abdelhalim Caracalla s'est attaqué à un des mythes fondateurs de l'humanité qu'est celui des légendes de La route de la soie, résumés par les Mille et Une Nuits. Actualité oblige, cet opéra a pour titre Les Deux Mille et Une Nuits, car il ne tarit pas de clins d'oeil à propos du monde arabe actuel. Des fresques épiques Décrire l'œuvre de Caracalla reviendrait à expliquer à un aveugle la beauté de la Joconde ou la pertinence d'un Kandinsky, il était néanmoins question d'un roi, entre Perse et Arabie, qui décida un beau jour de léguer sa couronne à son fils. Un fils qui, par souci de justice et d'équité, la partagea avec son frère. « Ainsi naquirent deux royaumes et deux couronnes », chuchotait le conteur. Il s'en suivra une double infidélité, lavée dans le sang puis l'immense solitude de Shahrayar frère de Shahrzamen fils du roi. Une solitude qui se transforma en cruauté envers des femmes qu'il n'aimera plus jamais, mais qu'il consomme (puis assassine) volontiers chaque nuit, jusqu'à épuisement des stocks du royaume. Dernière courtisane en vie, Schéhérazade, fille de son rabatteur qui s'est fait le serment de ramener Shahrayar aux affaires du pays et à recoller son cœur meurtri en le distrayant. La chose accomplie, le spectacle se transforma en allégorie sur l'unification du Liban après le retrait israélien de sa partie Sud. L'opéra des Deux Mille et Une Nuits, bien qu'écourté à cause de la pluie qui s'est abattue sur le théâtre antique a été très bien accueilli, par un public venu nombreaux admirer la grâce des acteurs et la beauté de leurs costumes. « Les efforts de Abdelhamid Caracalla servent l'intérêt de la nation arabe à qui il faut donner un autre visage que la violence et le terrorisme. Nous sommes un peuple qui a des origines trop enracinées pour les perdre », affirmait Joseph Aâzar, metteur en scène qui a participé à l'élaboration de cet opéra.