C'est le statu quo depuis presque une année au niveau de l'ex- poissonnerie d'El Graba, qui a récemment subi des transformations l'ayant entièrement défigurée. La fameuse El Bança, érigée dans les années 30, constitue, faut-il encore le rappeler, l'un des joyaux architecturaux de la ville de Sidi Bel Abbès, avec ses halles spacieux et parfaitement ventilés. Concédée à un particulier à l'époque de l'ancien maire et actuel sénateur, Mim Miloud, cette infrastructure était pourtant destinée à abriter un projet culturel avec des surfaces d'exposition et des salles de lecture, confient des élus qui contestent toujours l'opération de concession. La poissonnerie au toit ondulé a ainsi subi des modifications de sorte à ce qu'elle puisse accueillir une quinzaine de boutiques. « Le projet dont l'étude a été approuvée par délibération de l'assemblée fut abandonné. C'est dans l'opacité totale que cette infrastructure a été attribuée à une tierce personne pour la transformer en centre commercial », dénoncent ces mêmes élus. Les transformations effectuées par l'acquéreur en vue de réaliser des magasins de friperie et de prêt-à-porter avaient d'ailleurs nécessité l'intervention de la police de l'urbanisme qui a ordonné l'arrêt des travaux, ajoutent-ils. Courroux Aussi, la décision de concession avait provoqué le courroux d'une trentaine de poissonniers exerçant dans le circuit informel et qui se sont rassemblés devant le siège de l'Hôtel de ville pour réclamer la réouverture de la poissonnerie. « Si l'assemblée communale a véritablement changé d'avis en abandonnant l'idée de transformer El Bança en centre culturel, alors pourquoi ne pas lui restituer sa vocation originelle ? », s'interroge Mohamed, vendeur ambulant de sardine du coté du Pont Mirabeau, dans le quartier El Graba. Selon d'autres élus de l'APC, il était question au départ de rentabiliser la poissonnerie et de veiller, tout autant, à « rendre fréquentable ce site devenu avec le temps un vrai lieu de débauche ». Toujours est-il que la situation demeure inchangée aux alentours d'El Bança, une année après sa concession contestée. La traditionnelle criée annonçant, tôt le matin, les prix de référence de la sardine véritable, de la « latcha », du bonito où de la « boga » relève désormais de l'histoire ancienne.