Balbutiant à ses débuts, le festival international de musique gnawi s'est bonifié par la suite. Les stars qui s'y sont produites, égales à elles-mêmes, y sont certainement pour beaucoup. Elles ont su créer cette atmosphère festive qui a fait défaut les premiers jours. On l'a remarqué lors du passage de Mamar Kassey, jeudi, à l'image de ces femmes nigériennes faisant des pas de danse avant de se jeter par moment dans l'agora prise d'assaut. Le gnawi excuse toutes les entorses passibles à ce genre musical dont l'essor est fulgurant. La dégaine monacale du chef du groupe,Yacouba Moumouni artiste venant de l'un de ces pays du Sahel, saura faire corps avec le public qui lui a rendu la pareille. Celui-ci, nous prendra par la main et nous entraînera dans des contrées souvent oubliées et dont on ne soupçonne guère l'existence. Il réussira, avec ses collègues, le pari de réunir les musiques avec le langage des ethnies que tout différencie ou presque. Les Peuls-Haoussa se donneront, à cet effet, la main pour nous montrer ce qu'il y a de meilleur en elles. Ce groupe, qui a eu le 2e prix de la francophonie à Ottawa, ne casseront pas avec l'adoption d'instruments modernes cette ambiance que crée la flûte maniée avec habileté par la voix du groupe Moumouni. Lequel a le don d'un pédagogue insoupçonnable. L'alliance des contraires reste un objectif couru par les membres du groupe qui a pris le nom d'une personnalité dont la vision pacifiste est connue au Niger. Maghreb and friends Le spectacle gagnera en intensité après le passage de Karim Ziad, chanteur attitré du groupe Ifrikya. Il n'est pas rare d'apercevoir, d'autres chanteurs de groupes connus, qui ont pris pied à l'agora, interpréter les chansons d'un Ziad des grands jours. Que l'on ne s'y trompe pas : le musicien y a mis sa touche. L'effort et l'acharnement que déploie ce poly-instrumentiste ne l'empêchent pas d'interpréter de belles musiques de son cru. C'est que l'homme, issu d'une lignée de musiciens au long cours, s'est perfectionné au contact de musiciens tels que Nguyen Lê ou Joe Zawinul… depuis plus de 15 ans. Tout cela ne l'empêchera pas de revenir aux sources afin d'y puiser cette empreinte que l'on décèle dans des productions pas toujours pareilles. Son inspiration principale demeure sa région qui l'a vu naître, mais il a su y ajouter d'autres influences plus lointaines. Il reste que le clou de la soirée était le passage des marocains sur scène. Les musiciens dont la voix porte loin font qu'ils sont les précurseurs de ce genre musical unique qu'est le gnawi. Décidément, les marocains sont parmi ceux qui ont fait que cette musique s'en sort le mieux. Le dirigeant du groupe dira tout le bien qu'il pense de la musique de Ziad dont le fond n'est autre que ces sonorités puisées des traditions locales.