Le délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), Abderrahmane Benkhalfa, aborde dans cet entretien l'évolution des procédures de gestion et des mécanismes d'évaluation des risques sur les crédits au sein de la place bancaire locale. Selon lui, une plus grande rigueur au sein des banques a permis de réduire sensiblement le poids de créances douteuses, durant ces quelques dernières années. L'accumulation de créances douteuses ou non performantes constitue l'une des contraintes majeures qui entravent l'efficacité du système bancaire algérien. Quel est aujourd'hui le poids de ces créances sur les portefeuilles des banques ? Depuis l'année 2000, le stock des créances non performantes marque une tendance soutenue à la baisse. Ce stock a ainsi été atténué sous l'effet conjugué de trois facteurs déterminants. Il s'agit en l'occurrence du processus d'assainissement des créances des entreprises publiques économiques (EPE), d'une meilleure évaluation des risques par les banques qui se sont dotées à cet effet de logiciels et autres instruments de contrôle adéquats, et enfin de l'amélioration des provisionnements bancaires. Le recul des créances douteuses serait donc le résultat d'une plus grande rigueur dans la gestion des portefeuilles de crédits au sein des banques ? L'amélioration des provisionnements au sein des banques a grandement contribué à atténuer le stock des créances non performantes. Cette amélioration s'est traduite par une meilleure couverture des risques sur les crédits en consolidant les provisions sur les fonds propres, de façon à ce que l'existence de créances non performantes ne fragilise pas la solvabilité des banques. Il est vrai que la consolidation des provisions passe par une certaine réduction des bénéfices des banques, mais c'est uniquement parce que ces dernières prennent justement des fonds sur leurs bénéfices pour conforter leurs provisions. La rigueur observée en matière d'évaluation des risques sur les crédits ne rend-elle pas encore plus difficile l'accès aux financements bancaires ? Les précautions nouvelles en matière d'octroi de crédits comme les instruments d'anticipation des risques sont parfois le lieu d'incompréhensions pour nombre d'opérateurs économiques. De telles précautions sont en effet synonymes, dans certains cas, de moins de rapidité dans l'accès aux crédits. Or, force est d'admettre qu'il ne faut pas qu'une situation d'aisance en ressources financière aboutisse à une politique de crédits non maîtrisée. Le stock actuel des créances douteuses et sa structure en termes de catégories d'emprunteurs ont-ils fait l'objet d'une évaluation précise ? Sur la base des chiffres de l'exercice 2005, les banques de la place ont pour la plupart signalé que le pourcentage de leurs créances considérées comme non performantes ne dépasse pas 12% de l'encours global de leur portefeuille de crédits. Ce pourcentage devait être de l'ordre de 20% quelques années avant. Il faut savoir au demeurant que la sensibilité des portefeuilles de crédits est de plus en plus liée à la qualité des emprunteurs privés. Avec une part de plus de 50% actuellement, le privé est en effet une source importante de ces portefeuilles de crédits. Où en est actuellement le processus de modernisation des moyens de paiement ? En une année, on compte plus de 5 millions d'opérations interbancaires dématérialisées pour un flux dépassant un montant de 4000 milliards de dinars. On entre ainsi dans une période de large interbancarité. Pour les chèques et les virements interbancaires, le système est déjà rodé, tandis que pour le prélèvement on est en phase expérimentale avec deux opérations menées actuellement. La première est en cours d'être affinée entre Algérie Télécom et la BNA pour le paiement des factures téléphoniques. La deuxième porte sur la même opération entre Orascom et la BADR et devra commencer à devenir effective d'ici cinq mois. Par ailleurs, on devra entamer dès 2008 un déploiement commercial large de la carte bancaire pour laquelle il n'existe actuellement que quelque 500 acceptants dans le commerce alors qu'il en faut beaucoup plus pour sa généralisation.