Le dossier explosif sur la Générale des concessions agricoles domiciliée à Alger, depuis peu entre les mains de la justice, a connu, avant-hier, une entame spectaculaire par l'incarcération surprise de l'ex-directeur général N. F. Ce dernier qui, selon son entourage, attendait son audition en dernier ressort, a été « subitement » happé par la machine judiciaire au moment où il s'y attendait le moins. Cette affaire, dont on rapporte qu'elle risque de connaître une tournure grave puisque l'on parle de l'implication d'une centaine de cadres de différentes structures à travers le pays, toucherait à bon nombre d'infractions à la loi que la justice reproche aux gestionnaires de cet organisme. Pour l'heure, il s'agirait de passations de contrats fictifs, de faux et usage de faux, de surfacturation et enfin de paiements anticipés, c'est-à-dire la clôture d'opérations, au sens financier, antérieurement à la réception des travaux. Les griefs formulés ne seraient pas l'apanage de la seule structure de Djelfa avant sa délocalisation vers Tiaret, mais concernerait bien d'autres, dans plusieurs wilayas. Notre source avance à ce titre que le tribunal de Djelfa serait en voie de prendre exclusivement en charge l'examen de ce dossier. Ceci est motivé d'une part par le fait que le plus gros du préjudice financier causé à la GCA, plusieurs dizaines de milliards de centimes, est enregistré dans cette wilaya. D'autre part, l'élément présumé axial dans cette affaire, en l'occurrence le DG, est détenu provisoirement dans cette juridiction. Tous les dossiers de poursuites engagées seront donc transmis à cette circonscription. Cependant, il est un fait assez troublant que les informations concernant cette affaire sont fournies d'une manière pour le moins parcimonieuse ! Mais se pourrait-il aussi que cette récurrente information, qui ne cesse d'inclure dans cette affaire un ex-parlementaire de très haut rang et un cadre supérieur du ministère de l'Agriculture, semble-t-il, tous les deux en disgrâce, en soit à l'origine. Une source proche du DG incarcéré avance que celui-ci avait été entendu par la brigade de gendarmerie de Aïn El Bel le jour de son incarcération suite à une plainte déposée par lui, en se constituant partie civile, dans le cadre du dossier lié à des périmètres douteux, objet de cette affaire de « gros sous ». Sa présentation devant le procureur de la République près le tribunal de Djelfa a débouché sur son incarcération. A noter que la justice, du moins celle de Djelfa, ne se satisfait plus seulement d'enquêtes préliminaires et de déclarations de parties en prise dans une affaire donnée. Le nouveau réflexe constitue désormais pour les magistrats non seulement à ordonner des expertises en tous genres, mais à se déplacer in situ pour constater de visu le fait reproché. Selon une source généralement fiable, ceci aurait justement eu lieu en de nombreux endroits et le constat est, dit-on, affligeant, aucune trace d'ouvrages ! Ce qui laisse à penser que beaucoup d'entrepreneurs risquent aussi d'en faire les frais, près de 300, avance-t-on. La rumeur, quant à elle, bat son plein pour soutenir que les pots de vin auraient été savamment servis via des comptes bancaires libellés aux noms de certains cadres véreux ! La genèse de cette affaire, qui défraiera sans doute la chronique dans les jours à venir, a été « poussée » par l'actuel DG de la GCA qui, ayant été confronté dès son installation récente à des situations insoutenables sur le plan financier et par rapport à la législation, a vite fait de commander auprès du commissaire aux comptes un audit financier pour ce dossier rembourré de « gabegies ». Les conclusions émises feraient état d'une panoplie de réserves. La gendarmerie a ensuite pris le relais sur la base d'une saisine du parquet de Djelfa après que l'IGF s'en soit également saisie. En raison de la sensibilité de l'affaire et de l'instruction en cours, on en saura dans nos prochaines éditions davantage sur ce dossier fulminant où il sera question de présenter la GCA, ce géant aux pieds d'argile du financement agricole !