Ce qu'on redoutait à propos de l'affaire explosive sur la Générale des concessions agricoles (GCA) domiciliée à Alger, et qui a connu, depuis quelques jours, une entame spectaculaire par l'incarcération surprise de l'ex-directeur général N. F. est bel et bien arrivée. Cette affaire a connu une tournure grave en un laps de temps, puisqu'une centaine de cadres de différentes structures à travers le pays se sont vu impliqués d'une façon directe ou indirecte dans cette affaire. En effet, pas moins de 46 personnes seront auditionnées à partir de demain, lundi, par le magistrat suprême de la cour de Djelfa et ce en deux vagues. La première vague concernera les cadres et les entrepreneurs, et la deuxième vague qui aura lieu dès la prochaine rentrée sociale, au mois de septembre, concernera, pour sa part, 36 autres personnes. La justice reproche aux gestionnaires de cet organisme des passations de contrats fictifs, de faux et usage de faux, de surfacturation et enfin de paiements anticipés, c'est-à-dire avant la clôture d'opérations, au sens financier, antérieurement à la réception des travaux. Les griefs retenus ne seraient pas l'apanage de la seule structure de Djelfa avant sa délocalisation vers Tiaret, mais en concernerait bien d'autres, dans plusieurs wilayas, à savoir, Aïn Defla, El-Oued et Tissemssilt. Tous les dossiers de poursuite engagés seront transmis à Djelfa. Ceci est motivé, d'une part, par le fait que le plus gros du préjudice financier causé à la GCA, plusieurs dizaines de milliards de centimes, est enregistré dans cette wilaya. D'autre part, l'élément présumé axial dans cette affaire, en l'occurrence le DG, est détenu provisoirement à la prison de cette circonscription. A noter que la justice, du moins celle de Djelfa, ne se satisfait plus seulement d'enquêtes préliminaires et de déclarations de partis pris dans une affaire donnée. Le nouveau réflexe constitue désormais, pour les magistrats, non seulement à ordonner des expertises en tous genres, mais à se déplacer pour constater de visu le fait reproché. Et dans le cas de la GCA, le constat est pitoyable : aucune preuve, aucun document. Une chose est sûre, ce n'est pas demain que le tribunal rendra son verdict. Le dossier s'avère complexe, et l'affaire continuera sans doute à alimenter la chronique dans les jours à venir où il sera question de présenter la GCA, ce géant aux pieds d'argile du financement agricole. La genèse de cette affaire, a été poussée par l'actuel DG de la GCA qui, ayant été confronté dès son installation récente à des situations insoutenables sur le plan financier et par rapport à la législation, a vite fait de commander auprès du commissaire aux comptes un audit financier pour ce dossier rembourré de dilapidations de biens publics. Les conclusions émises feraient état d'une panoplie de réserves. La gendarmerie a ensuite pris le relais sur la base d'une saisine du parquet de Djelfa après que l'IGF s'en soit également saisie. Depuis 1995, la GCA a consommé un budget de 40 milliards de DA et déclare jusqu'à juin 2006, dans son bilan, qu'elle a mis en valeur plus de 600 000 hectares. Elle aurait participé également à baisser le taux de chômage des régions isolées.