Le ministère des Finances vient d'instruire la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance, Cnep Banque, de supprimer le crédit bancaire automobile de la liste des prestations qu'elle offre. L'information, donnée hier par certains quotidiens nationaux, n'a pas manqué sans doute d'étonner plus d'un, d'autant qu'il y a à peine deux mois, la même banque avait annoncé, après vingt-huit mois de suspension, son retour sur le marché du crédit auto. Le motif avancé pour expliquer une telle décision de la part de la tutelle serait lié, selon certaines sources, au fait que la caisse se serait éloignée d'une résolution de l'assemblée générale dans laquelle le propriétaire représentant l'actionnaire Etat dans le capital de la Cnep oblige la banque à se concentrer sur l'activité principal de son métier, en l'occurrence le crédit hypothécaire. Le retour de la caisse sur le marché du crédit automobile est-il si préjudiciable pour ses activités au point d'amener les pouvoirs publics à lui interdire le financement d'autres opérations que l'acquisition du logement ? De l'avis d'un expert, outre le fait que la banque est considérée comme une banque universelle, le crédit automobile n'aurait gêné en rien l'activité phare de la banque sur laquelle l'Etat lui a demandé de concentrer ses efforts. Au contraire, la Cnep dispose aujourd'hui d'une politique commerciale et d'une organisation qui lui permettent de faire face à la demande, sans pour autant perturber le financement hypothécaire. Le PDG de la Cnep, Djamel Bessa, avait même affirmé lors d'un point de presse que la banque, en termes d'objectifs, « vise à reprendre sa place de leader en tablant sur 10 000 crédits auto au terme de l'année en cours. A plus long terme, la caisse vise 70% du marché ». Il faut dire que les avantages que proposait la banque pour le crédit auto étaient intéressants : une quotité de financement fixée à 90% pour l'acquisition d'un véhicule dont le prix en TTC se situerait entre 500 000 DA et 2 000 000 DA, un financement jusqu'à 50% pour les véhicules affichés à moins de 500 000 DA et supérieur à 2 000 000 DA et une durée de remboursement de 4 ou 5 ans. Par ailleurs, la situation d'excès de liquidité qui caractérise les banques publiques, dont la Cnep, a poussé ces banques à diversifier leurs produits bancaires pour atténuer, un tant soit peu, une surliquidité nuisible à leur développement. C'est ce que la Cnep a d'ailleurs décidé d'entreprendre en relançant le crédit automobile, d'autant que ses engagements dans le financement de l'immobilier ne sont pas très satisfaisants. Sur un niveau de dépôt de plus de 500 milliards de dinars dont elle dispose, le volume de crédit immobilier de la caisse n'a pas dépassé 279 milliards de dinars. Interrogé sur cette décision dont la Cnep vient d'être frappée, un autre spécialiste de la communauté des banquiers a estimé qu'il s'agit d'une décision qui peut énormément perturber les relations clientèles de la banque, au-delà du fait qu'elle porte préjudice à son plan stratégique. « C'est une décision qui n'est pas de nature à rassurer », a-t-il conclu.