Les résultats des deux premiers n'ayant pas donné de motif à satisfaction, on est surtout à savourer la belle performance qui a fait qu'un candidat sur deux a eu son baccalauréat. Certains se sont adjugés les meilleures moyennes et ont eu les honneurs officiels comme Benazzouz Essaïd (El Kseur) et Touati Lyès (Seddouk), les « cracks » de la wilaya avec leur mention « très bien ». D'autres, en revanche, sont passés incognito, dilués dans la grande foule des 10 208 admis. Forcément, à chacun son histoire. La plus jeune des candidats est élève au nouveau lycée de Sidi Aïch. Elle fêtera ses 16 ans en octobre prochain, avec son nouveau statut de bachelière. Le moins jeune est, lui, né le 10 janvier 1966. Le sort lui a réservé une place sur les bancs de l'université, à l'orée de ses 42 ans d'existence. De toutes les histoires peu communes des quelques quadragénaires de la liste des 1402 candidats libres admis, celle de Nadia est, sans conteste, exceptionnelle. Et pour cause ! Brillante élève, son défunt père la déscolarise alors qu'elle venait de décrocher son brevet d'enseignement général (BEG) en 1983. De son cursus scolaire interrompu (comme beaucoup de jeunes filles victimes de toute société conservatrice), elle a gardé ses neuf ans de scolarité, dans la ville de Tazmalt, comme un viatique précieux. Contrainte au statut de femme au foyer, elle est restée coupée de l'école, tenez-vous bien… 21 ans durant, toute une vie. Ce n'est qu'en 2004, qu'elle pousse la porte du Cnepd pour s'inscrire et poursuivre ses études par correspondance. Il fallait d'abord, retrouver le goût des études. Sa volonté et sa pugnacité aidant, le cap de la 1e année secondaire est franchi. Puis celui de la 2e et enfin la 3e année et arrive alors le bac qu'elle décroche du premier coup. Le SMS qui lui a annoncé son admission, à la veille de l'anniversaire de l'Indépendance, a retenti comme une libération, la délivrance d'un prisonnier. Du coup, défile devant ses yeux tout le film de ses 25 ans passés entre quatre murs. Sublime parcours d'une bachelière pas comme les autres, qui donne des forces et de l'espoir à tous ceux qui ne désespèrent pas de prendre leur revanche sur le sort. Aujourd'hui, l'exemple de Nadia invite à instituer un prix aux côtés de ceux qui récompensent les meilleurs lauréats : Un prix à intituler « à cœur vaillant rien d'impossible' ».