Six milliards de dollars US est l'excédent d'épargne qu'enregistre à ce jour la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance (Cnep), a révélé cette semaine son PDG, Djamel Bessa. Au niveau de l'ensemble des banques publiques, des dizaines de milliards de dollars sont thésaurisés sans possibilité de leur trouver un emploi sérieux et fructueux. Nos banques sont ainsi restées des tiroirs-caisses où l'on cache l'argent du pétrole, des épargnants qui réalisent de bonnes affaires et de ceux qui, parmi la classe moyenne ou ce qu'il en reste, ont dû réaliser de petites économies au prix de lourds sacrifices et de pénibles privations. Il s'agit là d'un grand scandale que tout le monde dénonce mais que personne n'a jusqu'à présent réussi à résoudre tant les affaires de gestion bancaire et les intérêts qu'elles suscitent restent aussi complexes que l'est toujours le pouvoir en Algérie et sa démocratie de façade. En effet, les banques publiques dont l'Etat est l'actionnaire unique peuvent-elles se permettre de continuer à faire fonctionner la machine du crédit au mépris d'une demande de plus en plus insistante et vitale tant l'offre bancaire est poussive et marginale ? Sur nombre de produits, en l'occurrence le financement de l'acquisition de logements, les banques ne prêtent qu'aux riches, excluant du coup les bourses moyennes du marché du crédit. « Comment démocratiser le marché du crédit ? », est une question pourtant lancinante mais qui n'accapare pas bien entendu l'attention des pouvoirs publics. Cette fonction est conçue chez nous de telle façon que presque seules les fortunes ont accès aux prêts bancaires parce qu'elles sont solvables. Bien loin de jouer le rôle qui leur échoit, nos établissements financiers ne s'acquittent que peu ou prou du service de calcul de risque pour l'octroi de crédits. Encore est-il judicieux de rappeler que le coût du crédit est déjà prohibitif pour la majeure partie des Algériens. Le pays, on ne le dit jamais assez, est empêtré dans un nouveau système économique qui fait d'autant plus peur qu'il se nourrit de sa politique du moins social et d'exclusion du marché du crédit et du pouvoir d'achat. Ce sont autant de forces d'exclusion quand on n'y ajoute pas celles de l'emploi et, surtout, de pouvoir le dire et de le faire entendre.