En moins d'une semaine, six secousses de magnitude inférieure à 5 sur l'échelle de Richter ont été enregistrées dans le pays. Des événements capitaux pour mieux comprendre l'activité sismique en Algérie, car si l'on connaît un peu mieux le nord du pays, une région active, on en sait en revanche bien moins sur le Sud. Pour preuve : l'exceptionnelle secousse de 5,2 relevée début juillet dans le Sahara près de Touggourt reste une énigme. Elles n'ont fait aucune victime et aucun dégât, juste provoqué la panique dans la population. Les dernières secousses enregistrées dans la région de Guelma et de Médéa, inférieures à 4 degrés sur l'échelle de Richter, sont considérées comme modérées. Toutefois, cette petite activité est très importante, car elle indique comment se répartissent les séismes le long des limites des plaques. Le point avec Mustapha Meghraoui, responsable du laboratoire de tectonique active à l'Institut de physique du globe de Strasbourg. Des séismes en « bruit de fond ». Que la terre tremble légèrement de manière régulière, est-ce bon signe ou, à l'image des volcans, est-ce que cela laisse présager d'un événement de plus grande ampleur ? Cela dépend. Si nous sommes dans une zone active et que cette sismicité est constante en fréquence, cela peut s'expliquer par une activité sismique normale qui correspond le plus souvent à une activité sismique ambiante en « bruit de fond ». Si la fréquence est en nette augmentation et que la localisation précise des épicentres des séismes définissent une zone de lacune sismique, on peut s'attendre à un fort séisme qui comblera la lacune. En Algérie, ces zones de lacune sismique correspondent le plus souvent à des segments de faille n'ayant généré aucun séisme important (magnitude supérieure à 5,5) depuis quelques siècles. En revanche, si nous prenons le cas d'une zone considérée comme peu sismique, l'apparition d'une activité sismique soudaine et importante (mais de faible magnitude, inférieure à 4) peut annoncer un fort séisme. Le nord-ouest de l'Algérie est la région du Maghreb la plus active. Les régions du Nord tunisien et du Nord marocain sont des zones sources de séismes violents, mais les magnitudes dépassent rarement 6,5. La sismicité récente montre que la région nord-ouest de l'Algérie semble plus active que les autres régions situées le long de la limite des plaques Afrique-Eurasie en Méditerranée occidentale. Les séismes d'El Asnam du 10 octobre 1980 (Mw 7.3) et de Zemmouri du 21 mai 2003 (Mw 6.8) renforcent cette observation. Le résultat d'une concentration des contraintes tectoniques dans des zones de failles actives. Une sismicité superficielle. La sismicité algérienne est superficielle (d'une profondeur inférieure à 20 km) et se concentre notamment dans les zones des failles actives et le long de la limite des plaques Afrique-Eurasie. La sismicité ambiante est présente le long de l'Atlas du Tell (sur une bande parallèle à la côte) et dans une moindre mesure sur les Hauts-Plateaux de l'Est algérien et le long de l'Atlas saharien. La fréquence des forts séismes (d'une magnitude supérieure à 6,5) du nord de l'Algérie est variable et la liste des séismes depuis celui du 2 janvier 1365 ne couvre pas un cycle sismique. Des travaux de recherche détaillés sur le fonctionnement à long terme des failles, couplées à des mesures GPS (en temps réel continu) des mouvements de l'écorce terrestre, peuvent fournir plus de données sur les caractéristiques du cycle sismique et ouvrir la voie vers une prévision sismique en Algérie. Un coup à l'Ouest, un coup à l'Est. L'ensemble du Nord algérien étant impliqué dans la convergence de la plaque Afrique vers le continent Eurasie (notamment vers l'Ibérie suivant une direction nord à nord-ouest et à une vitesse de 3 à 5 mm/an), la sismicité est une conséquence de ces mouvements tectoniques de convergence, comme une règle que l'on plie, qui se déforme puis casse. L'accumulation des contraintes tectoniques le long des failles sismiques se produit sur plusieurs siècles et est associée aux mouvements inexorables des plaques. Le relâchement de ces contraintes le long d'une faille se produit au cours d'un séisme dont la magnitude est proportionnelle aux mouvements cumulés au cours des siècles passés. Ces contraintes peuvent également être transférées d'une région à une autre ou d'une faille à une autre (contiguë) le long de la limite des plaques.