Le Tour de France de cyclisme traverse un tunnel où il aura du mal à sortir. Neuf ans après l'affaire Festina, la crédibilité de la « Grande boucle » est sérieusement entachée par de nombreuses affaires de dopage et de tricherie. Paris : De notre bureau L'exclusion avant-hier du maillot jaune danois Michael Rasmussen, pour dopage et mensonges, a fini par achever le peu de crédit qui restait à cette plus grande course cycliste du monde. Son manager le soupçonne d'avoir fait de fausses déclarations sur la consommation de produits dopants et triché dès le départ du Tour. Ce qui a suscité le courroux de Christian Prudhomme, directeur de l'épreuve : « Il fallait faire la lumière sur son emploi du temps et ce qu'il faisait. Ses réponses ne donnaient pas de satisfaction et il n'a donc pas sa place au Tour. En réalité, il ne devait même pas prendre part à cette épreuve. Son exclusion est la meilleure nouvelle que nous ayons eu depuis une semaine ». A deux jours seulement de l'arrivée sur les Champs Elysées, les Français ne semblent pas très emballés pour aller accueillir les cyclistes sur lesquels pèsent de lourdes suspicions. Sur les routes du parcours, on a pu déjà apercevoir des draps tendus sur lesquels on pouvait lire « à quand un tour propre ? ». Des slogans hostiles aux coureurs, accusés d'immoralité, ont été également scandés dans de nombreuses villes et villages traversés par le tour. Pourtant aux yeux des sponsors, il convient de tout faire pour sauver le Tour. Et c'est à cela que s'emploie le directeur de l'épreuve, Christian Prudhomme. Ce dernier veut rendre le Tour aux centaines de milliers de personnes qui l'ont suivi durant plusieurs jours. « Il faut tout de même continuer jusqu'à Paris, a-t-il dit. Arrête-t-on les Jeux olympiques lorsqu'il y a un cas de dopage ? Non. Le public mérite le respect et les coureurs sains méritent également ce respect ». Même le président français Nicolas Sarkozy a défendu cette position, en disant : « je soutiens les organisateurs de la Grande boucle, ils ont le courage de mettre les tricheurs dehors ». De son côté, la presse européenne a déjà enterré l'épreuve en qualifiant le Tour de France 2007 de « mort-vivant ». Dans les colonnes d'un journal danois, un chroniqueur sportif a eu des phrases durs à l'égard de l'attitude de son compatriote Michael Rasmussen. « La confiance s'est envolée et la crédibilité du sport cycliste est en lambeaux. La faute à Rasmussen qui a menti et menti beaucoup ». La presse allemande compare les péripéties du tour à « un tremblement de terre ». Et de dire que « le Tour est malade à cause de la tromperie, du mensonge et du dopage ». Pour le journal Bild, « l'arrivée des cyclistes à Paris aura tout d'une procession mortuaire. Les spectateurs du monde entier n'éprouvent plus que colère et déception pour les menteurs du vélo. Les classements n'intéressent plus, car ils ne sont que mensonge et escroquerie ». Oublié avant même la fin, les organisateurs pensent déjà à l'édition de 2008 qui s'élancera de Brest (ouest de la France). Mais les questions pleuvent déjà comme une pluie. Quels sont les coureurs qui y participeront ? Qui sponsorisera le Tour ? Comment pourrait-on garantir un Tour propre et moral ?. Marc Madiot, manager de l'équipe la Française des jeux esquisse un début de réponse : « Il faudra mettre la pression à tous les niveaux pour assurer une totale transparence, car dans ce genre de sport, la présomption d'innocence n'existe plus ».