Le Congrès a attribué à l'Etat d'Israël 2,3 milliards de dollars comme aide militaire. L'oncle Sam ne badine pas avec les principes : les amis d'abord, les Arabes et le reste du monde après. Dans l'enveloppe financière estimée à 20,9 milliards de dollars dégagée par le Congrès pour l'année fiscale 2006 et destinée à l'aide pour l'étranger, Israël se taille la part du lion. 2.3 milliards de dollars ont été alloués à ce pays comme aide militaire et 240 millions de dollars comme soutien économique. Viennent ensuite l'Egypte avec 1,2 milliard pour l'assistance militaire et 495 millions comme aide économique, la Jordanie avec 250 millions de dollars pour son économie et enfin la bande de Ghaza se voit allouer un budget de 2 millions de dollars pour le développement. Dans le texte du «Bulletin de Washington», un journal on line édité par le département des Affaires étrangères américaines, aucune référence n'a été faite aux pays du Maghreb. Pourtant, depuis les attentats 11 septembre 2001, les USA accordent une attention particulière à cette région. L'intérêt accru a d'abord été dicté par des raisons sécuritaires. C'est parce que les services de renseignements US soutiennent que plusieurs membres du réseau de Ben Laden Al-Qaîda, dénommés Arabes afghans”, sont d'origine nord-africaine que plusieurs opérations ont été menées dans cette région comme la toute dernière Flint Lock. Ensuite, vient l'intérêt économique propre au pragmatisme américain. Cette attention économique apparue depuis la chute du mur de Berlin s'est accrue en raison de «l'inévitable» globalisation. Voilà deux principales raisons qui en principe devaient inciter à un financement plus conséquent pour cette région de la part du Congrès. Or, c'est vers une puissance nucléaire qu'afflue l'aide des Etats-Unis. L'attitude n'est ni paradoxale ni surprenante. Israël conserve toujours son influence dans les milieux officiels de Washington. Les pays maghrébins sont loin de se hisser au même niveau que celui d'Israël choyé par le département américain. Dans la politique étrangère des USA, le Maroc est élément important de la présence US au sein du Maghreb et du Proche-Orient. Le Royaume a gagné ce statut non seulement parce qu'il a soutenu la guerre du Golfe de 1991 en envoyant 2000 soldats en Arabie Saoudite mais aussi parce qu'il est le pays le moins hostile à l'égard d'Israël. De même que la Tunisie qui occupe une bonne place sur la liste des pays préférés des USA. L'attitude pro-occidentale tunisienne, ses réformes économiques, son laïcisme, ses mesures liées au statut de la femme sont autant d'éléments séducteurs, en plus évidemment de ses rapports moins tendus avec Israël. Ce qui n'est pas le cas d'Alger qui a gagné ses galons de sympathie US sur un autre terrain. Le rôle régional de plus en plus important joué par Alger, a été pour beaucoup. En effet, l'influence croissante de l'Algérie au sein de l'Unité africaine (UA), le retour en force dans le cadre de la Ligue arabe ainsi que l'importance grandissante de l'axe Algérie-Nigeria- Afrique du Sud, dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) ont été relevés par Washington. Mais Alger n'a aucune relation diplomatique avec Israël et l'élément est déterminant. Il existe une règle non écrite : les relations des pays arabes avec les Etats-Unis sont définies par «la qualité» des rapports qu'entretiennent ces derniers avec Israël. Enfin, les aspects culturels et stratégiques font le reste. En dépit des reproches faits par les responsables américains au régime de Moubarek, Washington a préféré se tourner vers l'Egypte. Les pharaons sont plus proches des Américains par la culture et la langue que les Maghrébins plus francisés. De ce fait, les Américains considèrent toujours que le Maghreb reste une zone d'influence européenne, surtout française. Et ce n'est pas demain que l'Amérique ravira cette influence, en dépit d'un discours de plus en plus lénifiant. Il faut attendre des années pour que l'Amérique se tourne vers les pays du Maghreb. Mais il se peut que, pour corriger sa rebuffade, l'oncle Sam exige des pays nord-africains une normalisation effective et totale avec Israël, une demande qui ne surprendra pas.